Nouveau pied de nez de Ben Ali au gouvernement de la «troika», qui n’est pas pressé de le faire extrader d’Arabie Saoudite, et surtout à son successeur Moncef Marzouki: il se dit prêt à céder ses «avoirs en Suisse» aux caisses de l’Etat tunisien. Rires dans la salle…


Selon son avocat, Me Akram Azoury, l’ex-président se désistait en faveur de l’Etat tunisien «de tous prétendus avoirs ou ressources économiques» lui appartenant et qui se trouveraient sur le territoire suisse. Dans un communiqué transmis à l’Associated Press, son conseil libanais précise que des négociations sont en cours à cet effet entre lui-même et les autorités suisses via leur ambassade au Liban.

Réagissant à la requête de l’actuel président tunisien Moncef Marzouki qui presse Berne de restituer les avoirs du chef de l'Etat déchu, Me Azoury avait déjà nié le 30 mai dernier la détention par son client d’avoirs en Suisse ou dans tout autre pays et exprimé sa volonté de signer aux autorités helvétiques une décharge au nom de son client concernant «ses prétendus avoirs en Suisse».

L’avocat note avoir remis à l’ambassadrice suisse à Beyrouth un projet de lettre dans ce sens qu’il se propose d’adresser au ministère des Affaires étrangères de la Confédération helvétique. Dans cette lettre, Me Azoury s'engage «irrévocablement» à autoriser la Suisse à «transférer ces prétendus avoirs et ressources économiques à l’Etat tunisien sans qu’il ne soit nécessaire de suivre aucune formalité judiciaire ou extrajudiciaire et sans même en référer à mon client».

Réfugié en Arabie saoudite, l’ex-président a été condamné par contumace à la prison à vie pour «complicité d’homicides volontaires» lors de la répression du soulèvement populaire qui a fait chuter son régime en janvier 2011. Il a par ailleurs écopé de 66 ans de prison et de lourdes amendes dans d’autres affaires de «malversations, abus de pouvoir, trafic de stupéfiants et d'objets archéologiques».

Selon certaines informations de presse, il aurait détourné à l'étranger des fonds estimés à plusieurs milliards de dollars. Dont le gouvernement peine à retrouver la trace, et à faire rapatrier, le cas échéant, en Tunisie.

I. B. (avec AP)