Le député français Pierre Lellouche, dont on connaît la proximité avec l’ancien régime, préfèrerait-il Ben Ali à Marzouki, dont a affirmé qu’il boycotterait le discours, mercredi, à l’Assemblée nationale française?
Estimant que «le processus démocratique n'est pas encore stabilisé» en Tunisie, l’ancien secrétaire d'Etat au Commerce extérieur dans le gouvernement du président Nicolas Sarkozy a déclaré, selon l’Afp: «Je ne veux pas faire de critiques intempestives, il faut continuer à aider la Tunisie mais fallait-il pour autant inviter le président actuel dans la phase que nous connaissons?».
Moncef Marzouki, en visite officielle en France du 17 au 19 janvier, doit prononcer mercredi un discours devant les députés, à l'invitation du président socialiste de l'Assemblée, Claude Bartolone, un natif de Tunisie. C’est la première fois depuis 2006 qu’un chef d’Etat étranger s’exprimera ainsi dans l’hémicycle.
«Nous soutenons le processus de transition démocratique (....) seulement, ce processus n’est pas encore stabilisé et un certain nombre de militants démocrates tunisiens considèrent, c’est le moins que l’on puisse dire, que tout n’est pas parfait dans l’action gouvernementale», a poursuivi M. Lellouche.
«Je ne pense pas que j’irai (écouter M. Marzouki, ndlr)», a ajouté l'ex-secrétaire d’Etat précisant que cette décision «n’engageait que lui».
«Je le fais en pensant à un certain nombre d’amis qui ont eu à subir les contraintes du nouveau pouvoir et à un certain nombre de déclarations qui ont été faites en Tunisie et qui ne vont pas toutes dans le bon sens», a encore estimé M. Lellouche en précisant être «natif» de Tunisie.
«Je ne jette l’opprobre sur personne. Je dis simplement qu’il y a une différence entre reconnaître un Etat, l'aider, et en même temps, donner cette espèce d’onction qui consiste à venir dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale», a-t-il souligné.
La position de M. Lellouche peut paraître excessive, car M. Marzouki n’est pas aussi infréquentable que d’autres chefs d’Etat, comme Ben Ali ou Kadhafi, qui ont eu cet honneur de prononcer un discours devant les parlementaires français. On est en droit de lui reprocher d’être «le pantin des islamistes», selon l’expression de Valéry Boyar, de l’Ump Bouches-du-Rhône et membre du groupe d’amitié France-Tunisie, qui boycottera lui aussi le discours de Marzouki, mais de là à considérer le président tunisien comme une personnalité infréquentable, il y a un pas que ces responsables français, dont on connaît la proximité avec l’ancien régime, aurait dû se garder de faire. Par pudeur…
I. B.