C’est un homme blessé mais digne qui a fait ses adieux, cet après-midi, dans un discours à l’Assemblée constituante. Son discours est à retenir car on s’en rappellera sans doute, très bientôt, comme un avertissement lourd de conséquence.
Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (Bct), objet d’une procédure d’éviction décidée par le président de la république, en accord avec le chef du gouvernement, était visiblement meurtri par l’injustice et l’ingratitude d’un gouvernement qui cherche à travers son limogeage à prendre le contrôle de l’institution d’émission pour pouvoir actionner à volonté la planche à billets.
Dans un discours magistral, de justesse et de clarté, M. Nabli a énuméré toutes les misères que lui a faites ce gouvernement depuis son arrivée il y a sept mois. Il a évoqué aussi les efforts qu’il a fait lui-même pour maintenir, autant que faire se peut, les équilibres financiers du pays et de l’indépendance de l’institution dont il a la charge, face aux assauts d’un gouvernement dont la compétence n’est pas la principale qualité.
M. Nabli a déploré que l’on soit venu, par-delà sa personne, à impliquer une institution névralgique comme la Banque centrale dans des enjeux de politique politicienne, voire électoraliste pourrait-on ajouter.
M. Nabli n’a pas omis de rappeler les positions contradictoires du président de la république et du chef du gouvernement à son égard laissant entendre que les deux hommes se sont, d’une certaine manière, réconciliés à ses dépens.
M. Nabli bouc-émissaire sacrifié pour recoller les morceaux éclatés d’une coalition gouvernementale en manque de cohésion ? A l’évidence…
Z. A.