C’est sans doute le couple politique qui s’agite le plus et dans tous les sens à la fois, ne craignant pas le ridicule de la contradiction à chaque fois qu’il ouvre la bouche.


L’intervention, cette après-midi, de Samia Abbou à l’Assemblée nationale constituante (Anc) accusant carrément le gouverneur de la Banque centrale de haute trahison, est l’illustration parfaite de cette difficulté d’être qu’éprouve aujourd’hui ce couple d’anciens militants des droits de l’homme perdus dans les méandres d’un pouvoir de moins en moins respectueux de ces droits.

Le speech de Mme Abbou sur la nécessité de rompre avec les figures de l’ancien régime est grotesque. Son époux, qui vient de démissionner de son poste de ministre de la Réforme administrative, est bien placé pour savoir que le gouvernement Hamadi Jebali et le parti Ennahdha en particulier recrutent aujourd’hui l’essentiel de leurs cadres parmi les Rcdistes reconvertis de très fraîche date.

Samia et Mohamed Abbou sont dans une position très inconfortable, le cul assis entre deux sièges: ils ne savent plus s’ils doivent continuer à soutenir la «troïka», la coalition gouvernementale à laquelle appartient leur parti, le Congrès pour la république (Cpr), au risque de passer pour des larbins d’Ennahdha, le parti islamiste qui domine cette coalition. Ou s’ils doivent prendre leur distance par rapport à la «troïka» pour rester fidèles aux principes pour lesquels ils ont milité sous la dictature de Ben Ali, au risque de braquer les nouveaux maîtres du pays et hypothéquer ainsi leurs ambitions politiques à court et à moyen termes.

Leur situation est, il est vrai, intenable et leur position inconfortable. Ce qui leur inspire des positions à la fois pathétiques et ridicules  où ils s’échinent à vouloir paraître à la fois partisans et opposants au gouvernement !

Non, vraiment, les Abbou ont besoin de prendre de vacances et de réfléchir sur l’impasse dans laquelle ils se sont engouffrés.

Z. A.