Une nouvelle condamnation à perpétuité pour Ben Ali, 20 ans de prison pour Ali Seriati, 15 ans pour Rafik Belhaj Kacem et l’acquittement pour Ahmed Friaa et 43 prévenus. Les familles des victimes crient au scandale.


Zine El Abidine Ben Ali a été condamné jeudi par contumace à la prison à perpétuité pour complicité de meurtres de 43 manifestants durant le soulèvement populaire qui avait fini par le renverser. Le verdict a été rendu par le tribunal militaire de première instance de Tunis.

«Tous les coupables méritent la perpétuité»

L’ex-président était jugé avec une quarantaine de responsables de son régime, dont le général Ali Seriati, ancien chef de la sécurité présidentielle condamné à 20 ans de réclusion, et deux ex-ministres de l’Intérieur: Rafik Belhaj Kacem, condamné à 15 ans, et Ahmed Friaa, qui, lui, a bénéficié d’un non-lieu. Il a été nommé le 12 janvier 2011, soit deux jours avant la chute du régime, et il n’a eu le temps pour prendre les leviers en main, ont estimé les juges. Au total, dix des 43 prévenus ont été acquittés, dont les directeurs des services spéciaux et techniques, Rachid Ben Abid, Chedli Sahli, Ali Ben Mansour et Mohamed Larbi Krimi.

Outre Ben Ali, qui est le seul à écoper de la perpétuité, les autres peines s’étalent entre 5 et 20 ans de prison. Ainsi, l’ancien directeur de la sécurité, Adel Tiouiri, a été condamné à 10 ans de prison. Même peine pour l’ancien directeur des unités d’intervention, Jalel Boudriga, le coordinateur général du ministère de l’Intérieur, Lotfi Zouaoui, et l’ancien commandant de la garde nationale, Mohamed Lamine El Abed.

D’autres sentences ont été prononcées contre les officiers subalternes et les agents variant entre 20 ans de prison (Naceur Lajimi qui était affecté à la garde nationale de la cité Ettadhamen) et une année (un seul cas qui est Adel Hamdi).

Un seul accusé, Abdelkrim Ben Ismaïl, a écopé de 15 ans de prison et un autre, Abdelbasset Ben Mabrouk, 12 ans de prison, alors que huit autres accusés, ont écopé de cinq ans d’enfermement.

Ces verdicts ont mis cependant en colère les familles des victimes : «Tous les coupables méritent la perpétuité», ont scandé la poignée de proches présents. «Nos enfants ne sont pas des insectes (...). On va se venger, on ne va pas se taire et on ne va pas rester les bras croisés», s’est emportée Saïda Sifi, mère d’un jeune homme de 19 ans tué pendant le soulèvement.

L’agence Tap parle de «cas d’évanouissement, de protestation et de violence provenant de membres des familles des victimes et des condamnés» dans la salle du tribunal et son espace extérieur. «Les membres de la sécurité militaire ont fait face calmement», ajoute l’agence.

Les condamnations se suivent et se ressemblent

Au total, plus de 300 personnes avaient trouvé la mort lors du soulèvement populaire déclenché le 17 décembre 2010 et ayant abouti, le 14 janvier 2011, à la fuite de Ben Ali vers l’Arabie saoudite.

Le président déchu avait déjà été condamné par contumace à de lourdes peines dans plusieurs affaires. Mi-juin, il avait ainsi écopé d'une peine à perpétuité prononcée par le tribunal militaire du Kef pour son rôle dans la mort de manifestants. Les condamnations se suivent et se ressemblent. L’ex-dictateur, lui, se la coule douce dans son exil doré en Arabie saoudite. Et le gouvernement Ennahdha ne semble pas pressé de demander son extradition… pour ménager ses alliés saoudites.

I. B. (avec agences)