Après avoir annoncé à plusieurs reprises qu’il allait indemniser les anciens prisonniers politiques, le gouvernement a déclaré que rien n’a encore été définitivement décidé et qu’il «n’est pas question de mettre en danger les équilibres budgétaires de l’Etat».
C’est ce qu’a notamment tenu à préciser, dimanche à l’Ariana, le ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement Samir Dilou, lors de la 2e réunion de la Choura d’Ennahdha, le parti qui domine la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir.
Cette précision est intervenue deux jours après que le ministre des Finances Houcine Dimassi eut, dans sa lettre de sa démission, expliqué que l’une des raisons qui l’ont poussé à quitter le gouvernement, c’est la propension de celui-ci à prendre des décisions populistes et électoralistes qui risquent de grever dangereusement le budget de l’Etat. Parmi ces décisions sur lesquelles il n’était pas d’accord, il a cité le versement d’indemnisations aux anciens prisonniers politiques, en majorité issus du parti islamiste Ennahdha, et dont la valeur globale dépasserait 1 milliard de dinars.
M. Dimassi aurait souhaité voir le gouvernement dépenser ces sommes pour créer des emplois aux 80.000 chômeurs que compte le pays ou améliorer le niveau de vie des habitants des régions déshéritées, qui ont provoqué la révolution ayant porté les islamistes au pouvoir.
Accusé de gaspiller l’argent public pour satisfaire sa clientèle politique et préparer ainsi les élections du 20 mars 2012, le gouvernement va-t-il revenir sur certaines de ses décisions populistes, notamment celle relative aux indemnisations des anciens prisonniers politiques? Rien n’est moins sûr…
Ces indeminisations seront, on s’en doute, au cœur des polémiques lors de la discussion du projet de budget de l’Etat pour 2013, qui sera examiné dans les prochains jours par l’Assemblée nationale constituante (Anc).
I. B.