En visite en Tunisie, prélude à une tournée qui l’amènera en Egypte, Israël et la Jordanie, Leon E. Panetta a évoqué avec ses hôtes des questions relatives à la sécurité régionale: Al-Qaïda au Sahara, le nucléaire iranien et la chute du régime Al Assad.

Par Zohra Abid


Après avoir rencontré le chef du gouvernement, le ministre de la Défense et le président de la république, le secrétaire d’Etat américain à la Défense a assisté à une cérémonie à la tombe du Soldat inconnu au cimetière américain en présence des médias.

Pour la première escale d’une tournée régionale qui va le mener en Egypte, en Israël et en Jordanie, Leon E. Panetta, secrétaire d’Etat américain à la Défense, a atterri, dimanche vers minuit, à Tunis.

Le devoir de mémoire

Lundi matin, l’hôte américain a rencontré à la Kasbah le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi ainsi que le chef du gouvernement Hamadi Jebali au siège du Premier ministère. Sa troisième rencontre a eu lieu au palais de Carthage, où il s’est longuement entretenu avec Moncef Marzouki, président de la république provisoire.

5.841 soldats morts durant la seconde guerre mondiale en Tunisie.

Toujours à Carthage, il s’est rendu au cimetière américain, où il a rendu hommage aux milliers des morts pendant l’offensive des Alliés contre les Nazis en 1942 (2.841 soldats identifiés et plus de 3.000 soldats anonymes), en mettant une gerbe florale au pied de la tombe du Soldat inconnu et en visitant la chapelle érigée sur les lieux. C’est dans ce lieu de mémoire, grave et solennel, que M. Panetta a rencontré la presse. Et tout cela au pas de charge: en même pas trois quarts d’heure. La mission diplomatique américaine en Tunisie a dû soigneusement minuter la visite.

Visite éclair pour une mission pas très claire

La cérémonie officielle a duré, a elle seule, une vingtaine de minutes: hommage, salut du drapeau au son de l’hymne national américain, visite de la chapelle. Le reste du temps était consacré au rituel des questions réponses avec les médias. L’essentiel des questions était posé par les confrères américains qui l’accompagnaient dans sa tournée.

M. Panetta à son arrivée au cimetière américain de Carthage.

De la teneur de ses entretiens avec Abdelkarim Zbidi, Hamadi Jebali et Moncef Marzouki, le secrétaire américain à la Défense n’a pas révélé grand-chose. Il est resté dans les généralités diplomatiques d’usage.

«Les Etats Unis vont soutenir les dirigeants tunisiens qui ont été démocratiquement élus. Nous allons soutenir aussi le peuple pour qu’il consolide sa transition vers la démocratie, aider le pays à renforcer son économie mais aussi sa sécurité. Ceci était mon message de ce matin au chef du gouvernement, au ministre de la Défense et au président de la république», a dit M. Panetta. Et d’ajouter que le partenariat entre les Etats et la Tunisie va être renforcé, surtout dans le domaine de la défense. Car, selon lui, la Tunisie qui a su traverser la période critique post-révolution, un moment de transition difficile avec ses turbulences, a besoin d’être aidée pour garantir un meilleur niveau de vie aux citoyens qui ont déjà payé le prix le plus fort pour accéder à la liberté.

M.Panetta dépose une gerbe de fleurs à la mémoire du Soldat inconnu.

«Nous nous sommes engagés à coopérer étroitement avec des pays comme la Tunisie, qui peut être un partenaire solide pour la stabilité dans la région», a-t-il ajouté tout en insistant que son pays resté préoccupé par le terrorisme qui l’a frappé en 2001 et qui continue à frapper dans le monde.

La Tunisie appelée à lutter contre Al-Qaïda et le terrorisme

Le secrétaire américain à la Défense a notamment insisté sur la menace que constitue le réseau Al-Qaida et autres groupes terroristes bien implantés en Somalie, au Yémen et en Afrique du Nord, notamment dans la zone sahélo-saharienne. La Tunisie, comme les autres pays du Maghreb, a un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il souligné.

La Tunisie va-t-elle servir de base militaire aux soldats yankees? Le responsable américain a contourné la question. «La Tunisie, premier pays à avoir fait sa révolution dans la région et qui a inspiré d’autres pays dans le monde, a merveilleusement bien travaillé en commençant déjà la rédaction d’une nouvelle constitution et elle ne peut qu’être un exemple à suivre et j’ai confiance en ce pays qui doit lutter aussi contre le terrorisme», s’est-il contenté de répondre.

Concernant les problèmes avec l’Iran et le conflit en Syrie, M. Panetta a déclaré que la politique de son pays est claire. «Les USA ne tolèreront pas des armes nucléaires en Iran et prendront toutes les mesures qu’il faut pour empêcher ce pays de se doter de ces armes et de faire tout pour le sanctionner économiquement. Ces sanctions vont se multiplier dans l’avenir en cas d’échec de diplomatie», a-t-il déclaré avant de préciser que toute la communauté internationale doit faire pression sur l’Iran et bloquer son programme nucléaire.

M. Panetta répond répond aux questions des journalistes.

Et la Syrie? «Nous explorons un nombre de possibilités pour faire aboutir les efforts de la communauté internationale et faire pression sur A Assad pour qu’il soit déchu au plus tôt tout en faisant les moindres dégâts, en protégeant  les sites et en offrant l’assistance aux personnes», a-t-il répondu. M. Panetta n’a pas omis de regretter «la position négative de la Russie et de la Chine» qui n’aide pas à accélérer la chute du régime Al Assad.

«Il y a au sein même du régime Al Assad des failles, mais on ne sait pas exactement quand tombera», a-t-il conclu.