S’il revenait à la vie, reconnaitrait-il aujourd’hui ce peuple qu’il avait pétri de sa vision progressiste, portée par une grande foi en l’homme ? Rien n’est moins sûr…
Par Ridha Kéfi
L’actualité ne cesse de nous ressasser des faits qui dénotent la chute des Tunisiens dans les méandres de la médiocrité et du sous-développement. Une preuve parmi tant d’autres: aujourd’hui, pendant la prière du vendredi, à la mosquée Errahma à Sidi Bouzid (centre), des fidèles se réclamant de l’idéologie salafiste s’en sont pris violemment à d’autres fidèles, coupables à leurs yeux de ne pas partager leurs rites importés de l’Arabie saoudite. N’est-ce pas contre ce genre d’errements que Bourguiba s’était insurgé de son vivant et non contre l’islam dont on admettra un jour qu’il fut le véritable sauveur?
Bourguiba accueilli par Kennedy
On fête aujourd’hui le 109e anniversaire de la naissance et le 12e anniversaire du fondateur de la Tunisie moderne, alors que ses adversaires de toujours, les islamistes adeptes de Rached Ghannouchi sont au pouvoir dans le pays.
Terrible ironie de l’histoire : après s’être longtemps inscrite dans un processus de progrès socio-économique, la Tunisie est aujourd’hui en train de payer l’erreur fatale de n’avoir pas mené, parallèlement, un processus de progrès politique. Et c’est par un douloureux retournement de l’histoire que la liberté et la démocratie enfantées par la révolution du 14 janvier 2011 ont abouti à un pouvoir dont la connotation théocratique se renforce jour après jour.
Retour triomphal de Bourguiba à Tunis le 1er juin 1955
S’il revenait à la vie, aujourd’hui, Bourguiba ne reconnaitrait pas les Tunisiens. Reste à se demander si les Tunisiens se reconnaitraient encore en lui. La réponse, on l’aura à la prochaine élection…