Le chef du gouvernement sort de son silence au moment où des voix appellent à son départ pour manque de résultats et que tout se détériore (chômage, pauvreté, corruption, népotisme, montée de l’extrémisme religieux…).
Par Ridha Kéfi
Le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali s’adressera ce soir à 21H05 sur les chaînes Watanya 1, Nessma et Hannibal et sur les ondes des radios. Le timing de cette interview a-t-il une signification particulière? Et qu’a-t-il à dire aux Tunisiens sur le bilan, plus que mitigé, de son gouvernement?
Un bilan plus que mitigé
D’abord, concernant le timing, cet entretien intervient au moment où, au sein même du parti Ennahdha, des voix se font entendre pour demander le remplacement de Hamadi Jebali, pour manque de résultat, par Ali Laârayedh, ministre de l’Intérieur. Où les appels à la dissolution de son cabinet, et à son remplacement par un gouvernement d’union nationale formé de technocrates, se multiplient dans les rangs de l’opposition. Et où sa mésentente avec le président de la république provisoire Moncef Marzouki a été à l’origine de plusieurs crises au sein de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir.
Quant au bilan des 7 mois de gouvernement Jebali, dont il va être sans doute question ce soir, on ne peut pas dire qu’il est particulièrement brillant. Les observateurs sont même unanimes : ce gouvernement n’a avancé sur pratiquement aucun des dossiers urgents (emploi, développement régional, relance économique, réformes de la police, de la magistrature, des médias, de l’administration, etc.). Pire encore, il a fallu attendre l’avènement de ce gouvernement pour que certaines régions du pays, en cette terrible canicule, connaissent des coupures d’eau et d’électricité!
Rompre avec l’autosuffisance
M. Jebali et ses ministres ne peuvent continuer à invoquer indéfiniment l’héritage de l’ancien régime pour justifier leur incapacité à améliorer la situation générale dans le pays, car depuis 7 mois, tout s’est dégradé et les maux dont souffrent les Tunisiens (chômage, pauvreté, corruption, népotisme, montée de l’extrémisme religieux…) se sont aggravés.
Espérons que les confrères qui vont l’interviewer ce soir, vont lui poser les bonnes questions: celles qui brûlent les lèvres de tous les Tunisiens.
Espérons aussi que M. Jebali se départira enfin de cette autosuffisance qui est devenue la marque de fabrique des Nahdhaouis et leur unique argument face aux critiques.