Le Parti Républicain est à pied d’œuvre sensibiliser les citoyens sur la vie politique du pays et les enjeux des prochaines élections. Dans ce cadre, il a organisé, vendredi soir, une conférence-débat, à El Abdellia, à La Marsa.
Par Nacer Ould Mammar
Plusieurs sujets ont été abordés par Iyed Dahmani, membre du bureau politique du Parti Républicain et député du Parti Républicain, et Jawhar Ben Mbarek, le charismatique porte-parole du réseau Doustourna, aux côtés de Kamel Jendoubi, ex-président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui a préparé et organisé les premières élections transparentes dans e pays le 23 octobre 2011.
Quel nouveau système politique en Tunisie?
Le projet de loi portant sur la création d’une nouvelle instance indépendante des élections, et plus précisément sa composition et l’absence de garantie concernant son indépendance ont été les deux principaux points soulevés lors de cette causerie ramadanesque.
Les participants ont discuté aussi du nouveau système politique tunisien qui sera adopté par l’Assemblée nationale constituante (Anc), et dont dépendra, en grande partie, le modèle de gouvernance dans le pays au cours des décennies à venir, comme l’a expliqué le porte-parole du réseau Doustourna.
Ben Mbarek a brossé, à cette occasion, un tableau des plus sombres, en parlant de «la dictature naissante de la ‘‘troïka’’ et de sa principale composante Ennahdha, ainsi que celle d’une Constituante mise sous influence». L’orateur a souligné aussi la phase difficile que traverse le pays, en passant en revue les nombreux «incidents» ayant émaillé la vie sociale, économique et politique du pays au cours des derniers mois, et en mettant en exergue les tentatives des gouvernants actuels pour mener le pays vers une situation de non-retour.
M. Ben Mbarek n’a pas omis de revenir sur son sujet de prédilection: la comparaison des systèmes politiques et l’identification de celui qui sied le mieux à la Tunisie, eu égard à son histoire et ses spécificités. Selon lui, le régime parlementaire, revendiqué par le parti Ennahdha, peut assurer un juste équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif, se limitant l’un l’autre et de façon directe. Dans le régime présidentiel, a-t-il poursuivi, l’équilibre des pouvoirs est garanti par le texte de la constitution et par les lois régissant la vie politique. Evidemment, la préférence de M. Ben Mbarek va pour le régime parlementaire mixte. «Dans ce régime, le gouvernement est responsable devant le parlement et devant le président de la République. A terme, le gouvernement peut devenir responsable devant le seul parlement», a-t-il expliqué, ajoutant que les donnes politique et partisane dans le pays sont des éléments déterminants à prendre en compte dans le choix du meilleur régime politique pour le pays.
Un grand public a répondu à l'appel. Ph. Zeineb Turki.
Assurer l’indépendance de l’instance électorale
Comme on pouvait s’y attendre, Kamel Jendoubi, s’est longuement attardé sur les questions électorales dont il est devenu l’un des meilleurs experts au sud de la Méditerranée. «Les prochaines élections en Tunisie sont importantes voire cruciales. Ses enjeux sont différents de ceux des élections du 23 octobre 2011. Et cette différence est importante, car les prochaines élections vont se dérouler dans un contexte où le gouvernement est directement intéressé par ses résultats, contrairement aux précédentes élections dont les résultats indifféraient le gouvernement», a expliqué M. Jendoubi, faisant allusion à Ennahdha, parti dominant à l’Assemblée nationale constituante (Anc), et qui cherche, à travers le projet de loi présenté à l’Anc, à peser sur la composition de la prochaine commission électorale.
«C’est une nouvelle donne et, dans ce contexte, les citoyens doivent être plus vigilants et plus exigeants quant à l’indépendance de l’Instance supérieure indépendante des élections», a dit M. Jendoubi. Celle-ci doit également «être dotée de toute les garanties d’indépendance et des moyens administratifs et juridiques requis pour son bon fonctionnement». Elle doit, par ailleurs, être mise en place le plus tôt possible afin qu’elle entame les différentes procédures liées au processus électoral et que la date prévue pour les prochaines élections, soit le 20 mars 2013, puisse être respectée, a insisté M. Jendoubi.
A son tour, Iyed Dahmani, député à l’Anc, a partagé les craintes de M. Jendoubi et exprimé les mêmes griefs à l’égard du projet de loi portant création de la nouvelle instance des élections, qui doit être examiné (et adopté) très bientôt par l’Anc. Il a ensuite présenté le projet de loi proposé par son parti pour assurer l’indépendance et la crédibilité de cette instance, dans le respect des normes internationales.