«Oui au retour au pays», tel est le slogan choisi par le ministère de la Défense libyen et des associations tunisiennes et libyennes, pour trois jours d’ateliers dans hôtel à Tunis consacrés aux Libyens réfugiés en Tunisie.

Par Nacer Ould Mammar


Il s’agit pour les responsables des deux pays et des acteurs de la société civile d’écouter les Libyens réfugiés en Tunisie au lendemain de la révolution dans leur pays et la chute du régime de Kadhafi. Quelle est leur situation actuelle? Pourquoi bon nombre d’entre eux refusent de retourner en Libye? Et comment  les convaincre de revenir au pays?

90% sont prêts à rentrer, mais à des conditions

Près d’un demi million de Libyens se trouvent aujourd’hui sur le sol tunisien. Selon Abdelkader Gaza, directeur du bureau des droits de l’homme et du bureau international humanitaire au ministère de la Défense libyen, «il est difficile de déterminer le nombre exact des Libyens vivant actuellement en Tunisie ainsi que les personnes vivant en famille ou les enfants scolarisés. Les ateliers de Tunis sont censés aider à délimiter ces données».

Manifestation de Libyens devant l'ambassade de leur pays à Tunis.

Mustapha El Majdoub, président de l’Association libyenne des droits de l’homme affirme de son côté: «Nous sommes venus un mois avant la rencontre de Tunis pour recueillir les avis des Libyens établis en Tunisie. 90% d’entre eux ont accueilli favorablement l’idée du retour en Libye mais à certaines conditions, entre autres, l’instauration d’un vrai Etat libyen avec des institutions fortes qui imposeront leur autorité et leurs pouvoirs, et veilleront à l’application de la loi et à la récupération de toutes les armes que détiennent encore les milices ainsi que les déportés à l’intérieur comme à l’extérieur du pays».

El Majdoub cite, par ailleurs, deux autres conditions jugées importantes par les Libyens réfugiés en Tunisie : la réconciliation nationale et l’amnistie générale.

La reconnaissance des fautes passées

Sadeg Sager, du ministère de la Défense libyen, indique pour sa part que le gouvernement de Tripoli fait de son mieux pour assurer le retour des Libyens dans leur pays. Selon lui, ces derniers ont plus peur de leurs proches, voisins, familles et «ôurouch» (clans ou tribus) que du gouvernement. «Ils craignent d’être rejetés, reniés par leurs proches. Mais ils doivent comprendre que la reconnaissance des fautes passées peut les aider à retrouver leur honneur perdu» (pour avoir collaboré avec l’ancien régime, Ndlr)», a-t-il expliqué.

Quartier huppé d'Ennasr à Tunis où vivent certains ex-collaborateurs de Kadhafi ayant fui la Libye.

A cet égard, la mise en place d’une justice transitionnelle qui aide à la révélation de la vérité, à la reconnaissance des fautes, à la présentation des excuses aux victimes et à leur indemnisation pourrait aider à tourner la page d’un passé douloureux et à regarder l’avenir avec plus de sérénité.