Après s’être longtemps opposé à la diffusion des archives de la police politique, Lotfi Zitoun affirme que le gouvernement est en train de préparer la liste noire des journalistes corrompus.
Le conseiller politique du chef du gouvernement chargé du dossier de l’information, le Abdelwaheb Abdallah de la «nouvelle ère» Ennahdha en somme, ne dit pas, cependant, si cette liste va contenir les noms des anciens propagandistes de Ben Ali qui ont tourné casaque, avant d’être recyclés par Ennahdha et remis à la tête de certains médias publics, tels le groupe de presse Snipe (qui publie les quotidiens La Presse et Assahafa), le groupe Dar Assabah (qui publie, entre autres, les quotidiens Assabah et Le Temps), la radio nationale et la télévision nationale.
Tout en menaçant de publier bientôt la liste noire des journalistes corrompus,– liste qui serait en train d’être élaborée par le gouvernement – «avec toutes les preuves requises», M. Zitoun continue d’accuser le secteur de l’information de «continuer de s’opposer à la réalisation des objectifs de la révolution» (sic!), la «révolution» étant confondue, dans son esprit, au parti islamiste Ennahdha. Ce qui est, on le sait, un contre-sens absolu, car, à aucun moment, les militants d’Ennahdha n’ont participé au mouvement qui, du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011, a emporté l’ancienne dictature: les documents vidéos, audio et écrits sont d’ailleurs là pour attester de cette absence monumentale.
Reste que M. Zitoun, qui parlait dans une réunion de son parti dont un extrait vidéo tourne sur le web, ne dit pas quand le ministre de l’Intérieur Ali Lârayedh va-t-il enfin se décider à rendre publiques les archives de la police politique et de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), afin que les Tunisiens prennent enfin connaissance de la véritable liste des «sabbabas» (informateurs de police), qu’ils soient journalistes, militants politiques ou autres, qui les épiaient et dénonçaient tous leurs faits et gestes, et dont certains étaient dûment rémunérés.
Certains de ces "sabbabas" semblent avoir été également recyclés par Ennahdha. Les mauvaises langues vont plus loin et affirment que certains des anciens ex-opposants, nahdhaouis et autres, qui hantent aujourd’hui les rouages de l’Etat, étaient des agents doubles au service de Ben Ali. Est-ce la raison qui empêche M. Lârayedh d’ouvrir la boîte de Pandore?
Puisqu'il est maintenant au chapitre des «listes noires», qu'il avait longtemps ignorée, M. Zitoun nous doit également des explications à ce sujet...
R. K.