altDimanche, les Hammamétois ont eu droit à une scène surréaliste, presque sortie d’un feuilleton historique ramadanesque: la corniche, avec sa belle plage de sable fin, a été transformée en un… lieu de prière collective.


En effet, et à l’occasion de la fête de l’Aïd El-Fitr, comme si les dizaines de mosquées de la ville ne suffisaient pas à accueillir la foule des fidèles pour accomplir la prière de l’Aïd, des groupes islamistes ont investi la plage, au flanc du fort historique, lieu touristique par excellence, pour ériger une plate-forme sur l’eau au-dessus de laquelle est monté l’imam de service pour faire son prêche de l’Aïd. Les fidèles avaient étalé des couvertures et des tapis de prière à même le sable.

La scène avait quelque chose d’étrangement décalé, anachronique voire moyenâgeux. Un touriste de passage aurait cru voir une scène d’un film péplum. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agissait bien d’une prière collective en plein air.

Selon l’imam en question, Khmaies Salah, il s’agissait simplement d’«accomplir la prière de l’Aïd selon les principes de l’islam, dans un lieu à découvert».

C’est exactement le contraire de ce qu’affirmait, la veille à la télévision, le cheikh Othman Battikh, le mufti de la république tunisienne, qui a exhorté les musulmans à accomplir leurs prières… dans l’enceinte des mosquées, qui sont aménagés à cet effet, afin d’éviter d’empiéter sur la voie publique.

C’est à croire qu’il y a désormais en Tunisie autant de pratiques de l’islam qu’il y a d’écoles ou de schismes religieux.

Le problème, c’est que ces prières de l’Aïd hors des mosquées (jusqu’au stade municipal, comme cela s’est passé à Kalâa Kebira, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Hammamet) se sont déroulées un peu partout dans le pays. C’est un phénomène inédit en Tunisie : conséquence de la montée au pouvoir du parti islamiste Ennahdha, qui a laissé libre court au développement des schismes et les groupes religieux dans le pays, souvent d’ailleurs manipulés (et financés) par les pétrodollars, saoudiens et autres.

R. K.