altSamir Dilou n'a pas apprécié (c'est un euphémisme) les critiques adressées vendredi par Moncef Marzouki au parti Ennahdha. «Il devrait savoir s’il est au pouvoir, en tant que président de la république, ou dans l’opposition», a-t-il déclaré. 


Les critiques adressées, vendredi, par le président de la république Moncef Marzouki, au parti islamiste Ennahdha, accusé de marcher sur les pas du Rcd, l’ex-parti au pouvoir, n’ont pas manqué de faire grincer les dents des dirigeants d’Ennahdha présents à l’ouverture du congrès du Congrès pour la République (CpR), parti fondé en 2000 et dirigé par Marzouki jusqu’à son entrée au Palais de Carthage fin 2011.

Samir Dilou, ministre nahdhaoui des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, qui a quitté la salle du congrès en guise de protestation, a déclaré au micro de Mosaïque FM que les propos de M. Marzouki sont inacceptables et déplacé et que ce dernier «devrait savoir s’il est au pouvoir, en tant que président de la république, ou dans l’opposition». Car, a-t-il expliqué, «on peut bénéficier des privilèges et prérogatives liées à l’exercice du pouvoir et, en même temps, bénéficier de la liberté de parole d’un opposant.»

En d’autres termes : M. Marzouki aurait dû avoir la reconnaissance du ventre. A-t-il oublié que c’est Ennahdha qui l’a fait «roi». En guise de reconnaissance vis-à-vis de ses «employeurs» nahdhaouis, il aurait donc dû se contenter de se la couler douce, en regardant le pays couler, et fermer sa gueule.

Reste que la réaction de M. Dilou n’est pas totalement injustifiée. M. Marzouki doit cesser de jouer un double jeu : ami malgré lui d’Ennahdha le matin, et ennemi cordial le soir. A ce rythme là il va perdre toute crédibilité.

Qu’il se rappelle de la célèbre phrase du dirigeant socialiste français : «Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne». Cela reste valable pour un président provisoire qui n’a pas été au suffrage direct mais qui doit son poste à une alliance politique contre-nature.

I. B.