colombe palestine
Facebook fait de nouveau scandale en Tunisie. Une fois de plus, c’est Israël qui est incriminée. Coup de colère sur twitter. Et voici, que nos blogueurs sont également embarqués dans l’histoire. Qu’on se le dise : dans le conflit israélo-palestinien, le web constitue l’arme de persuasion massive.


Une page Facebook appelée ‘‘Israël en Tunisie’’ fait scandale sur Twitter, les membres de Tnlabs se renvoyant le lien, agrémenté, comme on devait s’y attendre, d’une bordée d’insultes.
Le promoteur de cette page «dédiée à la promotion des relations diplomatiques, à la croissance économique et l’amitié entre l’État d’Israël et la Tunisie» est parfaitement inconnu. Ce qui n’a rien de surprenant. La page ne compte que quelques dizaines de fans, en majorité des juifs originaires de Tunisie. Cela se conçoit très bien.

«Fuck Israel»
Ce qui se conçoit moins, et surprend d’autant plus, c’est que la page compte aussi des fans tunisiens de confession musulmane. A lire leurs réactions, ces derniers semblent chercher à squatter la page et à la détourner de son objectif en multipliant les commentaires du genre grivois («Fuck Israel»), populaire («Tfouh 3la manadherkom») ou imprécatoire («Allahoma zalzel al ardh ta7ta a9dam alyahoud»), entre autres amabilités du même genre.
On comprend, dès lors, que la mission dont se réclament les promoteurs de la page – accélérer la normalisation entre la Tunisie et Israël en recourant aux réseaux sociaux sur le web – ne fait pas beaucoup d’émules. Il n’en reste pas moins que la manœuvre finit par atteindre son but: faire parler de normalisation entre la Tunisie et Israël et donner la possibilité aux partisans d’un tel projet de s’exprimer.
De ce point de vue, même les voix discordantes sont les bienvenues, car elles permettent de tâter le pouls de l’opinion tunisienne sur ce sujet et identifier les arguments des adversaires de la normalisation pour, le cas échéant, se préparer à les contrer. En d’autres termes: le promoteur de la page ne cherche pas enrôler des Tunisiens pro-israéliens, ni à convaincre les internautes tunisiens de l’opportunité d’une normalisation tuniso-israélienne. Il cherche seulement, en attirant ces derniers et en les occupant, à mieux connaître leurs profils, leurs ressorts intellectuels, leurs manières de pensée, etc. Comme quoi : à la paix, comme à la guerre…

palestine paix

Israël-Palestine: guerre et paix sur le net
Les Israéliens, on le sait, utilisent toutes les armes dont ils puissent disposer dans leur combat contre les Arabes. Parmi ces armes: le web en général et les réseaux  sociaux en particulier.
Ainsi, par exemple, le quotidien israélien ‘‘Haaretz’’ rapporte que des organisations de colons ont lancé en août, à destination de leurs militants, une formation à l’édition de contenus sur l’encyclopédie participative Wikipedia. Leur objectif: revaloriser l’image du mouvement sioniste, à la fois en Israël grâce à la version en hébreu et à l’étranger via la version anglophone.
palestine paixNaftali Bennett, directeur du mouvement Conseil de Yesha, justifie cette initiative, exemple à l’appui: «Nous ne manions pas assez bien l’outil Internet, et la position d’Israël y est exécrable. Prenez par exemple la flottille turque [de Gaza]. Au début, on ne nous trouvait nulle part. Pendant les premières heures, des millions de personnes ont tapé les mots ‘‘Gaza’’ et ‘‘flottille’’ et lu ce qui était écrit sur Wikipedia.»
Conseil de Yesha vient d’ailleurs de créer un prix du «meilleur éditeur sioniste» sur le web. Ainsi, celui qui incorporera le plus de modifications pro-sionistes à Wikipedia au cours des quatre prochaines années sera l’heureux gagnant d’un voyage en montgolfière...
Face à cette offensive des colons d’Israël, les Palestiniens essayent eux aussi de s’organiser. Ainsi, toujours selon ‘‘Haaretz’’, le président de l’Association des journalistes palestiniens vient de donner le signal de la contre-attaque en lançant un appel à rendre les articles Wikipedia plus pro-palestiniens.

Big Israël is watching you
palestine peaceAutre épisode dans cette guéguerre israélo-arabe sur le net: un internaute tunisien, animateur du site ‘‘Kiffe grave’’ affirme avoir reçu récemment un email émanant de la très sérieuse Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), basée en France. L’organisation lui aurait ainsi signalé «plusieurs commentaires diffusant un contenu à caractère illicite» à propos de son post ‘‘La question juive’’, en ajoutant, presque sur un ton menaçant, que «ces commentaires sont constitutifs d’incitation à la haine et de la diffamation».
Le commentaire incriminé par la Licra est le suivant: «Je ne croix pas qu’on puisse faire la paix avec les juifs. 100% des Israéliens font leur service militaire qui dure 3 années. Donc je ne croix pas que ces gens, après un tel traitement et un lavage de cerveau, puissent avoir envie de la paix. Ce sont des tueurs armés, qui ont tué dans le passé, qui tuent aujourd’hui et qui tueront demain. C’est un fait que plus de 5000 ans d’histoire confirme. Ils ne changeront jamais.»
Selon la Licra, ce commentaire «ne respecte pas la législation». Il serait même «constitutif de négationnisme», crime punissable de prison en France. Aussi, le service juridique de l’organisation rappelle-t-il au blogueur l’article 6.I. 7 de la loi française du 21 juin 2004 pour la confiance en l’économie numérique, qui exige des hébergeurs de «concourir à la lutte contre les activités illicites sur internet, et notamment contre les infractions à la loi du 29 juillet 1881». Elle lui demande ensuite d’«exercer une modération plus rigoureuse» (traduire: en atténuant les critiques adressées à Israël) et de «faire retirer» les commentaires signalés du site de ‘‘Kiffe grave’’.

Que fait l’autre camp?
Face à un tel déploiement de la machine de propagande israélienne, «que fait l’autre camp pour contrer l’offensive?», s’interroge un autre internaute tunisien sur le blog ‘‘Taktouka’’.
«Dans cette guerre du web, les internautes arabes (blogueurs et hébergeurs) restent très dénués, car ils sont moins réactifs, disposent de moins de moyens et leurs pays n’ont même pas de stratégie dans ce domaine», serions-nous tentés de répondre.

I. B.