La Ligue Tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh) a estimé, vendredi, que la Tunisie a besoin «d’une légitimité consensuelle et d’une feuille de route claire pour sortir de la crise actuelle».
«En l’absence d’une légitimité consensuelle sur le projet de la Constitution, de l’instance indépendante des élections, de l’indépendance de la justice et de la liberté des médias, il devient impératif de mettre en place une feuille de route politique claire pour sortir le pays de la crise où il s’enlise», a dit le président de la Ltdh, Abdessatar Ben Moussa, lors d’une conférence de presse, vendredi à Tunis.
«Pour sortir de la crise actuelle, nous avons besoin de retrouver la confiance et d’un consensus entre les sensibilités politiques et les composantes de la société civile à travers un dialogue national global concernant les questions en suspens», a indiqué M. Ben Moussa, affirmant que le consensus autour de la constitution permet l’édification d’un Etat civique, démocratique, garant des droits de l’Homme dans leur acception universelle et globale.
Il a également souligné la nécessité d’adopter des mesures et mécanismes pour lutter contre la corruption et pour engager une réforme des institutions sécuritaire, médiatiques et judiciaires.
L’absence d’un dialogue national transparent et franc loin de la logique des quotas partisans, préconisée par les élus d’Ennahdha à l’Assemblée nationale constituante (Anc), met en danger l’avenir du pays, menacé par le désordre et les antagonismes, a soutenu M. Ben Moussa, appelant les autorités à organiser ce dialogue dans les plus brefs délais afin de pouvoir évaluer la situation que traverse le pays en toute clarté et transparence.
Le président de la Ltdh a aussi appelé le gouvernement à assumer ses responsabilités dans la protection de la sécurité des citoyens, des libertés publiques et individuelles, pour mettre un terme aux dépassements sécuritaires et éradiquer la torture et les mauvais traitements.
Evoquant les procès intentés contre les auteurs des tueries au moment de la révolution, le président de la Ltdh a relevé des écarts juridiques et de procédures lors des procès examinés par les tribunaux militaires. La reddition de comptes des symboles et des anciens responsables sous l'ancien régime n’a pas été efficace dans la mesure où elle a été plutôt sélective dans certains cas.
Il a accusé les pouvoirs exécutif et législatif d’être responsables des lenteurs dans la réforme du système judiciaire, appelant le gouvernement à éviter la logique des quotas partisans et d’allégeance dans la nomination de hauts responsables de l’administration, à consacrer la justice transitionnelle, à réformer le secteur de l’information, et non à le soumettre au pouvoir exécutif comme tente de le faire le gouvernement actuel, à lutter contre la violence organisée et systématique et les atteintes aux libertés publiques et individuelles et à promouvoir la liberté d’expression et de création.
Les prochaines élections ne peuvent être transparentes et crédibles en l’absence d’une justice indépendante, de médias libres et d’une administration neutre, a-t-il conclu.
I. B. (avec Tap).