Une importante marche antigouvernementale a eu lieu ce matin à Gafsa. Les centaines de protestataires qui ont traversé la ville dénoncent l’immobilisme du gouvernement face à la recrudescence de la corruption dans le secteur du phosphate. Vidéo de la marche...
Selon un participant à la marche, interrogé par Kapitalis, le fléau de la corruption s’est aggravé, notamment dans le secteur du transport du phosphate, principale ressource de cette région. La ville est traversée quotidiennement par plus de 500 camions appartenant à des sous-traitants qualifiés de «nouveaux Trabelsi» car bénéficiant toujours aux mêmes corrompus.
La population a lancé des slogans exprimant son exaspération de voir que les promesses de consacrer une part des richesses phosphatières au développement de la région ne sont pas tenues. Rappelons à ce propos que le président provisoire de la république avait promis, au cours d’une visite à Gafsa, de consacrer bientôt 20% des recettes de phosphates au développement de cette région, la plus déshéritée du pays et où le taux de chômage équivaut au double du taux national.
La marche e dimanche matin a été organisée par certains partis de l’opposition et des organisations de la société civile pour protester contre l'immobilisme du gouvernement Jebali, qui tarde à trouver des solutions aux problèmes socio-économiques endémiques de la région. La «troïka», la coalition tripartite au pouvoir dominée par le parti islamiste Ennahdha, principale cible de la colère des manifestants, accuse, pour sa part, le Parti des ouvriers tunisiens (Pot) dirigé par Hamma Hammami d’être derrière la manifestation. ce qui, bien entendu, ne constitue pas un crime: le droit de manifester étant consacré par la loi tunisienne.
Parmi les slogans agités par les manifestants, on notera «Ya mouaten ya meskin, el phosphate machi louin?» (Pauvre citoyen, où va le phosphate ?), «Ya mouaten ya dhahia wessiasa hia hia» (Le citoyen est victime, la politique ne change guère), «Ya chaab fik fik wel houkouma talaab bik» (Peuple réveille-toi, le gouvernement te roule dans la farine) ou encore «Ech chaab fad fad met Trabelsia jdoud» (Le peuple en a marre des nouveaux Trabelsi).
Selon Zouhair Yahyaoui, avocat et militant des droits de l’Homme, «les habitants du bassin minier de Gafsa ont beaucoup attendu du gouvernement actuel mais ils n’ont rien vu venir et aucun effort n'a été fait pour développer l'investissement, créer des emplois et lutter contre la chômage».
A. L. (correspondance spéciale de Gafsa)