altDans son journal du 19h30, la chaine suisse Tsr révèle que sur les 60 millions de francs suisses appartenant à des Tunisiens gelés en Suisse, pas un centime n’appartient en propre à l’ex-président Ben Ali. Nouveau camouflet pour la "troïka" au pouvoir.


C’est la division du droit international public du Département fédéral des affaires étrangères (Dfae) qui l’affirme dans la foulée de la visite en Suisse de Akram Azoury l’avocat de l’ex-dictateur, avec qui la Rts a pu s’entretenir.

En 2008, le magazine Fortune avait estimé la fortune de Zine El Abidine Ben Ali à 5 milliards de dollars. Mais selon son avocat, Ben Ali ne posséderait pas un centime en Suisse: «Le président Ben Ali nie de la façon la plus solennelle, officielle et énergique, posséder des avoirs mobiliers, financiers ou immobiliers en dehors de la Tunisie et notamment en Suisse. Il ne possède rien ni directement, ni indirectement, ni par personnes interposées en Suisse et partout dans le monde. Sa fortune se résume à ce qu’il possède en Tunisie: une maison, un ou deux terrains et un compte bancaire d’un montant raisonnable», assure Me Azoury.

Contre toute attente, les autorités suisses viennent de confirmer partiellement les déclarations de l’avocat libanais. Suite à une requête de la télévision suisse, Rita Adam, vice-directrice de la direction du droit international public (Ddip) du Dfae a fait savoir par mail que, «vu l’évolution du dossier, le Dfae est maintenant en mesure de communiquer que, à ce jour, le montant de 60 millions (la somme gelée en Suisse) ne comprend pas d’avoirs de Zine El-Abidine Ben Ali lui-même.»

Pas encore de trace

En dix-huit mois d’enquête sur la fortune du clan Ben Ali, les enquêteurs helvétiques ont saisi l’équivalent de près de 100 classeurs fédéraux de documents. «Aucune piste ne nous a encore permis de remonter jusqu’à l’ex-président Ben Ali. Les banques suisses sont tenues de connaître les ayants droits économiques des comptes ouverts chez elles et à ce jour nous n’avons encore rien trouvé appartenant en propre à Zine El-Abidine Ben Ali», explique une source proche du dossier. Il ajoute: «Cela ne signifie pas qu’il n’y a rien mais que s’il y a quelque chose, ces avoirs sont très bien cachés.»

Les autorités tunisiennes estiment, elles, que la fortune du clan Ben Ali en Suisse est de loin supérieure aux 60 millions bloqués.

Akram Azoury, l’avocat libanais de l’ex-dictateur, était récemment de passage en Suisse pour plaider la cause de son client et réitérer la proposition spectaculaire qu’il a faite en son nom cet été: «M. Ben Ali serait prêt à faire transférer immédiatement en Tunisie tous les avoirs qu’il posséderait en Suisse».

Contacté par Rts, Enrico Monfrini, l’avocat des autorités tunisiennes, a réagi en disant que cette information ne changeait pas fondamentalement les choses.

«Jamais une banque suisse ne va ouvrir compte en banque au nom de Ben Ali en Suisse, en France ou même au Kamschatka! Mais cela ne signifie pas que Ben Ali ne possède pas d’argent en Suisse porté par d’autres personnes. Le clan Ben Ali s’apparente à une organisation criminelle et, contrairement à ce que laisse entendre les propos grotesques de mon confrère, la fortune amassée par le clan Ben Ali en dehors de Tunisie est considérable».

Source : Rts.