Tout va très bien en Tunisie qui, depuis le 23 octobre 2011, a connu un réel développement et un épanouissement sans précédent! Quant à la sécurité, les Tunisiens doivent se débrouiller, c’est leur affaire!Tout va très bien en Tunisie qui, depuis le 23 octobre 2011, a connu un réel développement et un épanouissement sans précédent! Quant à la sécurité, les Tunisiens doivent se débrouiller, c’est leur affaire!


C’est, à peu près, ce qu’a déclaré Rafik Abdessalem, un grand optimiste devant l’Eternel, passé maître dans l’art tout peindre en rose.

Quatre jours avant de se rendre aux Etats-Unis, où, on l’imagine, il sera attendu (sans jeu de mots déplacé!), le ministre des Affaires étrangères a rencontré mardi les médias pour leur débiter sa langue de bois redondante habituelle.

«Depuis le 23 octobre (date des premières élections post Ben Ali, Ndlr), la Tunisie est sur la voie du développement et tout va vers le mieux», a-t-il affirmé aux confrères, qui ont dû l’attendre plus d’une heure sans avoir droit à des excuses.

Et les 800.000 chômeurs? Et les agitations sociales dans les régions? Et les vagues de migrants clandestins qui échouent en pleine mer? Et les prix qui explosent? Et le pouvoir d’achat qui plonge? Et les violences infligées aux populations par les extrémistes religieux? Et l’image complètement ternie de la Tunisie sur le plan international? Et le sentiment d’insécurité des Tunisiens, aggravé par les affrontements du vendredi 14 septembre entre les hordes salafistes djihadistes et les forces de l’ordre?

De tout cela M. Abdessalem, sur son nuage nahdhaoui, n’en a cure.

Pour le gendre de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste d’Ennahdha, la sécurité n’est pas l’affaire du gouvernement, mais «de tous les Tunisiens, qui sont concernés par le maintien de la sécurité», c’est-à-dire «les partis, les représentants des associations, les citoyens et pas seulement les forces de sécurité», a précisé M. Abdessalem.

Quant à ceux qui sont impliqués dans l’attaque de l’ambassade américaine et de l’incendie de l’Ecole américaine de Tunis, vendredi dernier, c’est promis: ils seront traduits devant la justice car ils ont cherché à «écorner l’image du pays».

M. Abdessalem n’a pas indiqué, bien sûr, quand ces casseurs violents vont être relâchés par son collègue Noureddine Bhiri, ministre de la Justice. Sinon, il l’aurait dit. Un optimiste invétéré comme lui aurait été heureux d’annoncer une nouvelle si agréable au cœur de son beau-père.

Au lendemain des violences menées par des salafistes djihadistes à l’ambassade américaine aux Berges du Lac, Washington a mis la Tunisie dans la liste des pays à risque déconseillés aux Américains, à côté du Soudan. Et a restreint son staff diplomatique au strict nécessaire après avoir demandé à ses ressortissants de quitter le pays.

C’est à peine si M. Abdessalem admet que ces événements sont regrettables. Mais ils n’entacheront pas la qualité des relations tuniso-américaines. Sommes-nous tenus de croire encore ce beau parleur qui ne prend même pas la précaution de tourner sa langue sept fois dans la bouche avant de débiter des énormités?

Imed Bahri