Pour Allan Bredy, directeur de l’Ecole américaine de Tunis, pillée, saccagée et incendiée le 14 septembre par des hordes salafistes, préfère retenir la solidarité des Tunisiens et regarder l’avenir.

Pour Allan Bredy, directeur de l’Ecole américaine de Tunis, pillée, saccagée et incendiée le 14 septembre par des hordes salafistes, préfère retenir la solidarité des Tunisiens et regarder l’avenir.

Par Moncef Dhambri


Les enseignants de l’Ecole américaine de Tunis s’affairent à remettre en état leur établissement et à sauver comme ils le peuvent leur année scolaire. Pour la plupart, ces hommes et ces femmes sont originaires du Comté de Whatcom de l’Etat du Washington, y compris leur directeur, Allan Bredy.

Dans un entretien avec le journal online du comté, The Bellingham Tribune, cité par le Newstribune.com, M. Bredy n’a pas caché sa tristesse de voir ses élèves (650 provenant de 70 pays) dans l’obligation de rester chez eux à cause de ce qu’il a décrit comme une «maudite vidéo de quelques minutes qui a circulé sur YouTube».

«Nous ne pourrons jamais remplacer vos vies»

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La cour de l'Ecole américaine de Tunis avec les traces de l'incendie.

Il a également raconté les péripéties du vendredi 14 septembre, la mise à feu et à sac de l’école par la horde déchaînée des salafistes vengeurs: ils ont tout saccagé dans les salles de classe et brûlé les bus de l’école. Et lorsque cette première vague de destruction fût terminée, vint alors la razzia des voyous. «Ils ont tout simplement pillé notre établissement, saisissant sur leur passage tout ce qui a une valeur: tous les ordinateurs, téléphones et les équipements techniques dont nous disposions», a-t-il expliqué.

Il raconte également que, lorsqu’il a eu vent de la manifestation, il ordonna vite à tous les élèves et enseignants de quitter l’école et de ne laisser que quelques agents de sécurité.

Avec la tournure que les choses ont prise, Bredy, craignant le pire, n’hésita pas à donner ordre aux gardiens pour qu’eux aussi quittent les lieux, leur expliquant par téléphone: «Nous pouvons remplacer les murs et les équipements. Mais, nous ne pourrons jamais remplacer vos vies».

Tirant un bilan de ce cauchemar, Bredy n’est pas totalement déstabilisé: «Les choses sont à présent calmes. Ce qui s’est passé n’arrive qu’une seule fois et ne reflète pas vraiment la véritable image de la Tunisie», affirme-t-il au Bellingham Telegraph.

Rattraper le temps perdu

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Allan Bredy participe aux travaux de nettoyage.

Toute l’équipe est à présent à pied d’œuvre pour rattraper le temps perdu et tourner la page, assistée en cela par un incroyable élan de solidarité qui inonde aujourd’hui cette école privée. Le soutien lui est venu des gouvernements américain et tunisien et d’organisations internationales, et de simples citoyens tunisiens.

«Ces derniers, dit-il, lorsque je les croise, me présentent leurs excuses pour ce qui s’est passé. Je leur réponds: ‘‘Vous n’êtes pas responsables de ce que ces zélés ont fait à notre école, pas plus que nous pour les méfaits de ceux qui ont produit cette vidéo. Ensemble, nous reconstruirons tout cela’’».

C’est cela aussi le réalisme et l’optimisme américains.