Dans une interview accordée au journal égyptien ‘‘Al Ahram’’, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali a déclaré que sa démission est envisageable. Est-il vraiment dans cet état d’esprit?
Tout en affirmant que sa «démission est envisageable», M. Jebali a ajouté que «la Tunisie est devenue plus stable, plus sécurisée» et que «la transition démocratique est sur le bon chemin.»
Comment lire cette déclaration?
La «démission envisageable» est une simple pétition de principe. Ce n’est pas l’annonce d’une intention, comme l’ont compris un peu trop vite certains confrères. Car tout responsable politique dans une démocratie en gestation doit envisager la démission comme une issue possible dans certaines circonstances.
La seconde partie de la phrase indique, d’ailleurs, que M. Jebali est loin d’être dans un état d’esprit de quelqu’un qui envisage sérieusement de démissionner. La preuve: il est très content de son bilan: «la Tunisie est devenue plus stable, plus sécurisée et la transition démocratique est sur le bon chemin».
Le problème, car problème il y a, les Tunisiens ne partagent pas – mais alors là pas du tout – le sentiment du chef du gouvernement. Ce décalage, ce sont nous autres les journalistes qui en sont responsables. «Plusieurs médias sont contre le gouvernement et loin d’être objectifs.» Traduire : tout va bien dans le meilleur des mondes possibles en Tunisie, et ce sont les médias qui déforment cette belle réalité!
Conclusion : il faut museler les médias pour que tout aille mieux, comme au temps de Ben Ali!
R. K.