Vers un nouveau cadre de négociation entre l’entrepreneur et le salarié, qui consacre le rôle sociétal du premier, la responsabilité économique du second et la mission modératrice de l’Etat.
Par Maya L.
Le 21e forum de l’Association des tunisiens des grandes écoles (Atuge) s’est tenu le jeudi 13 septembre 2012 au Palais des Congrès à Tunis sur le thème: «Nouvelle Tunisie, nouveau contrat social». La rencontre a été marquée par la présence de membres du gouvernement transitoire, de représentants des deux organisations patronales (Utica et Conect), des salariés, des représentants du monde de l’entreprise, des universitaires, et des experts.
Tout ce beau monde était venu pour débattre d’un nouveau cadre de négociation entre l’entrepreneur et le salarié, en axant le débat sur le rôle sociétal du premier et la responsabilité économique du second.
De nouvelles relations de travail
Manifestation de femmes pour l'emploi à Gafsa.
Enfin, le forum s’est fixé comme objectif de débattre des mécanismes de partage de richesse, d’incitation à l’investissement et de négociation au sein de l’entreprise, seuls garants d’une paix sociale durable en Tunisie.
Lors de la conférence plénière d’ouverture, consacrée à faire un état des lieux du contexte socio-économique post-révolution, Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, a évoqué les conditions nécessaires pour favoriser et redynamiser l’entreprenariat et la création d’emplois afin de réduire le chômage. Elle a évoqué, entre autres, la mise en place d’une plateforme de dialogue avec l’Ugtt, la principale centrale ouvrière, pour essayer de définir les nouvelles relations de travail entre employeur et employé, ainsi que la nécessité d’instaurer la formation professionnelle. Elle a, par ailleurs, appelé de ses vœux à l’instauration d’une charte établissant une nouvelle culture d’entreprise. Enfin, elle a proposé l’inscription de la liberté d’entreprise comme un article dans la future constitution de la Tunisie.
L’Etat modérateur
Pour sa part, le ministre des Affaires sociales, Khalil Zaouia, a livré sa vision «partielle» des équilibres économiques qui doivent être préservés, en insistant sur le fait qu’un consensus entre les diverses forces politiques, syndicales et patronales est primordial pour éviter toute forme de conflit ou de tensions sociales.
Raymond Torrès de l’Organisation internationale du travail (Oit) a partagé les résultats de ses recherches en matière de croissance et de partage de richesses. Il a notamment insisté sur la nécessité de laisser la liberté de négociation entre les représentants syndicaux et patronaux sans que l’Etat ne dispose de rôle tutélaire voire discrétionnaire, mais a contrario, il doit revêtir un rôle de modérateur. Le but étant de trouver un nouveau modèle de concertation.
Manifestation de travailleurs à Tunis.
La table-ronde sur le thème «contrat social et compétitivité» s’est proposée de replacer la compétitivité au centre du débat social, en s’interrogeant sur le fait de savoir si le dialogue national actuel est correctement engagé, afin qu’il débouche sur une forme de contrat social plus consensuel, plus juste, plus solidaire mais aussi plus favorable au développement de la compétitivité des entreprises tunisiennes.
Les bases du nouveau contrat social
Pour cela les différents intervenants ont approuvé la nécessité de la mise en œuvre d’un code du travail adéquat, c’est-à-dire en phase avec le contexte socio-économique actuel, de demander à l’Assemblé nationale constituante (Anc) de légiférer en matière de recrutement et d’encadrement des stagiaires dans le monde de l’entreprise, de rétablir la confiance pour une meilleure communication sur le terrain et au sein de l’entreprise, de promouvoir l’image citoyenne des entreprises en cette période de transition afin d’assurer le dialogue entre les entrepreneurs et les salariés et enfin se concerter sur le fait que le nouveau contrat social doit se baser sur deux valeurs fondamentales, à savoir le travail et la formation professionnelle.
Des médecins des hôpitaux publics en grève.
Le second atelier s’est intéressé à la «fiscalité et le code des investissements». En effet, le nouveau modèle de développement économique doit répondre à trois défis majeurs: chômage structurel affectant principalement les diplômés du supérieur, l’iniquité économique et sociale entre les régions et l’existence d’une pauvreté extrême. Ainsi, une refonte du système actuel est nécessaire pour relever les trois défis majeurs du modèle tunisien. Le bilan du code d’incitation aux investissements actuel est mitigé. Les intervenants de ce module et en particulier le ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, Riadh Bettaieb, a insisté sur la nécessité de recourir à la simplification des démarches administratives, la création d’un environnement d’affaires sain (transparence, mesures anti corruption, etc.), et de doter la Tunisie d’instruments lui permettant une meilleure insertion dans l’économie mondiale.