La commission de confiscation a identifié 398 sociétés de participation, 400 propriétés et plusieurs biens appartenant à des proches de l'ancien président Ben Ali.

Ces chiffres ont été présentés, lundi, par Najib Hnane, le président de ladite commission, qui a évoqué, aussi, l’existence «d’importants avoirs financiers provenant de la corruption placés l’étranger et dont les propriétaires ont des liens financiers avec des réseaux internationaux basés en Europe».

M. Hnane a fait ces déclarations à l'issue d’une rencontre des membres de la commission et du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières avec le président de la république provisoire Moncef Marzouki.

Une mafia avec des ramifications à l’étranger

«Ces vérités, qui ont été dévoilées, confirment la complicité d’une mafia avec des ramifications à l’étranger», a expliqué, de son côté, non sans quelque emphase, Slim Ben Hmidane, le ministre des Domaine de l'Etat et des Affaires foncières, indiquant que parmi les objets confisqués, on a trouvé de la drogue, une ceinture explosive, des cachets de douane et des passeports étrangers. En somme, tout l’attirail d’une bande de malfaiteurs.

Selon le ministre, la Commission de gestion des biens confisqués s’attelle actuellement à la préparation d’une exposition vente, début novembre, à Gammarth.

En réponse à une question sur la liquidation des biens du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti au pouvoir dissous), M. Ben Hmidane a souligné que son département a mis en place une commission (encore une?) chargée de ce dossier, ajoutant qu’un premier inventaire a permis d’identifier 1.830 propriétés.

Ces biens font actuellement l’objet d'une vérification dans la mesure où ils ne sont pas dans leur totalité propriétés du Rcd.

Le ministre a ajouté que l’inventaire a concerné les biens mobiliers et les véhicules dont certains sont actuellement exploités par le ministère de l'Intérieur et certains gouvernorats. Une proposition concernant la gestion de ces biens a été examinée en conseil ministériel. La décision finale sera annoncée dans deux semaines, a-t-il ajouté.

Les premières estimations de la valeur de ces biens se situe à 13 milliards de dollars, a encore révélé M. Ben Hmidane, précisant que la commission de confiscation et le comité de contrôle relevant des domaines de l’Etat continuent de découvrir des biens et sociétés appartenant à Ben Ali, ses gendres et ses proches.

Journalistes, hommes politiques et syndicalistes dans le collimateur

Concernant la liquidation des biens confisqués, M. Ben Hmidane a indiqué que cette question est du ressort de la Commission de gestion des biens confisqués. «Le ministère n’est pas pressé de procéder à la cession des domaines de l’Etat dont des entreprises de presse et des palais présidentiels», a-t-il dit.

Pour ce qui est des biens de certains journalistes, hommes politiques et syndicalistes ayant reçu des privilèges sous l’ancien régime, le ministre des Domaines de l’Etat a indiqué que ce dossier relève de l’Agence foncière de l’habitat (Afh) qui assume la responsabilité de la cession, après modification de leur vocation, de plusieurs lotissements fonciers dont les jardins de Carthage et Ain Zaghouan.

M. Ben Hmidane a souligné que le comité de contrôle général a élaboré un rapport d’inspection qui a révélé des dépassements pouvant être considérés comme un délit et une infraction juridique impliquant près de 180 individus. Ces derniers n’ont pas été encore concernés par le processus de confiscation.

I. B. (avec Tap)