Tunisie. Parler d’un viol, est-ce de l’«instrumentalisation politique»? La Coalition syndicale de la garde nationale tunisienne a dénoncé «vivement l’instrumentalisation politique et médiatique» de l’affaire du viol, début septembre, d’une jeune femme par deux agents de la police.

La Coalition a estimé, dans un communiqué rendu public lundi, que cette affaire reste «une exception et un comportement individuel n’ayant aucune relation avec l’éthique du corps de l’institution sécuritaire».

Le syndicat a souligné la nécessité de poursuivre pénalement les auteurs de cet acte et quiconque enfreint les lois du pays.

Une jeune tunisienne affirme avoir été violée par deux agents de la police début septembre. Depuis, trois agents suspects ont été arrêtés et seront traduits devant la justice pour viol et extorsion du compagnon de la victime.

La jeune femme a été accusée à son tour d’«atteinte à la pudeur sur la voie publique» et risque six mois de prison. Son procès débutera demain mardi 2 octobre.

Voilà pour les faits, reste une question : quand les médias parlent de cette affaire pour le moins choquante pour l’opinion, elle fait quoi ? Elle exerce son métier ou «elle instrumentalise»? Idem pour les acteurs de la société civile et les activistes politiques ? Doivent-ils ne pas en parler pour éviter de… «l’instrumentaliser».

Ce «grief», jadis agité par Ben Ali pour museler ses opposants et remis au goût du jour par les dirigeants d’Ennahdha, est insensé voire ridicule.

Quant à affirmer que le viol des femmes par des policiers en faction est «une exception et un comportement individuel n’ayant aucune relation avec l’éthique du corps de l’institution sécuritaire», cela va de soi. Car qui oserait accuser les 50.000 policiers de Tunisie d’être des violeurs sans paraître à son tour insensé et ridicule?

I. B.