Le pasteur évangéliste intégriste de Floride qui menace de brûler publiquement 200 exemplaires du Coran ce samedi 11 septembre, est un fou à lier doublé d’un dangereux pyromane.


En annonçant son funeste projet d’autodafé, prévu pour le 11 septembre, jour anniversaire des attentats de 2001, vers 18 heures, à Gainesville, en Floride, ce double inversé de Ben Laden prend en otage l’humanité tout entière. A preuve: l’organisation de coopération policière Interpol s’est crue obligée de lancer une «alerte globale» à ses 188 pays membres, mettant en garde contre la «forte possibilité d'attaques violentes visant des innocents, si le projet (…) de brûler des exemplaires du Coran se concrétise».  

Condamnation unanime
terry jonesLe projet de Terry Jones a été unanimement condamné. Et pas seulement dans le monde musulman. Car l’accusation a été tout aussi ferme en Occident. Du président américain Barack Obama au Conseil pontifical du Vatican, en passant par le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, la chancelière allemande Angela Merkel, la haute représentante de l’Union européenne aux Affaires étrangères Catherine Ashton, et même le caricaturiste danois Kurt Westergaard, menacé de mort il y a deux ans par des extrémistes musulmans pour avoir publié un dessin de Mahomet portant une bombe pour turban…, tous les dirigeants occidentaux ont stigmatisé le projet.
Terry Jones a certes réussi, dans la foulée, à s’attirer les feux de l’actualité, devenant brusquement une star des médias, mais se rend-t-il vraiment compte des conséquences prévisibles de sa provocation? A s’entêter à vouloir brûler quelques exemplaires du Coran, ne risque-t-il pas de faire embraser le monde?

Une colombe pour mettre le feu au monde

En tant que Musulman, on doit bien sûr se mobiliser pour empêcher un tel acte. On doit cependant aussi relativiser l’événement. Car que représente ce Terry Jones? Son église, appelée Dove World Outreach Center (centre colombe pour aider le monde), basé à Gainesville, en Floride, est une des nombreuses églises évangéliques qui foisonnent aux États-Unis. Ultra-minoritaire, elle ne compte que 50 membres.
Créée en 1986, cette église prêchait une interprétation stricte de la Bible. Ses paroissiens organisaient des actions de charité pour les nécessiteux. En 2001, le révérend Terry Jones, ancien gérant d’hôtel de 58 ans, est venu hanter ses murs. Au lendemain des attentats contre les deux tours du World Trade Center, il s’est lancé dans une diatribe enflammée contre l’islam, accusé de vouloir conquérir le monde, et contre le Coran, livre «rempli de mensonges». L’an dernier, il avait affiché un panneau portant ce slogan: «L’islam est le diable même.»
Agitateur, Terry Jones et un illuminé doublé d’un provocateur. Dangereux pyromane, en quête de notoriété, il n’est même pas parvenu à accroître le nombre de ses adeptes. Sa dernière attaque contre le Coran est une grande opération de mystification: il cherche à s’attirer de nouveaux clients. Et à accroître ses rentrées d’argent. Car les églises aux Etats-Unis sont aussi des usines à sou.
Sachons donc raison garder et ne lui faisons pas le plaisir de le prendre au sérieux. Le mépris et l’indifférence lui feraient sans doute beaucoup plus de mal que les cris de vengeance et les menaces de représailles.

R. K.