Invitée, lundi dernier, sur Europe1, Fadela Amara, la nouvelle inspectrice générale des Affaires sociales en France a exprimé son inquiétude quant à la situation politique en Tunisie.
«La période est extrêmement délicate, fragile. Le processus démocratique a été enclenché grâce à la jeunesse tunisienne, mais en même temps, rien n’est gagné», a expliqué l’ex-secrétaire d’Etat à la Ville. «Ma grande peur, c’est que les groupuscules islamistes confisquent cette révolution qui doit amener la Tunisie à un Etat de droit et de démocratie», a-t-elle poursuivi.
La tentation obscurantiste existe
«Ce qui va être remis en cause, c’est d’abord la laïcité, à laquelle je suis profondément attachée. La tentation obscurantiste existe. Attention à l’islamisation et à l’instrumentalisation politique des discours», a insisté l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises. Elle craint que les droits des femmes soient mis à mal par des islamistes intégristes. «Certaines femmes tunisiennes l’expliquent parfaitement. Elles ont peur que l’on touche au Code du statut personnel mis en place par Bourguiba, renforcé ces dernières années», a-t-elle confié à Jean-Pierre Elkabbach. «Dans certaines mosquées, il y a des prêches qui commencent à être radicaux en direction des femmes. Ils veulent remettre en cause le Code du statut personnel qui est avant-gardiste», s’inquiète Fadela Amara.
Pour que la révolution des Tunisiens ne soit pas confisquée
Elle a également appelé à ne pas reproduire la même erreur qu’en Iran, où la chute du Shah avait provoqué l’arrivée de la république islamique, en 1979. Pour cette raison, elle appelle la communauté internationale à épauler le peuple tunisien: «Je demande une vraie vigilance, et que les pays attachés au progrès, à la liberté, à l’Etat de droit, puissent accompagner la Tunisie, pour que les Tunisiens ne se voient pas confisquer leur révolution».
Source : ‘‘Elle’’.