Les parlementaires européens appellent à une «réforme profonde de la police» tunisienne«Les Tunisiens ont besoin d’un service public qui les protège, non d’une machine de répression dont ils ont peur», a estimé la rapporteure de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Apce) sur la Tunisie.

 s’est déclarée «très émue et préoccupée par les informations sur le viol d’une jeune tunisienne par des policiers, révélées récemment par la presse».

Selon ces informations, début septembre 2012, une jeune tunisienne et son fiancé auraient été arrêtés par les policiers, en pleine nuit, à cause d’une prétendue «atteinte à la pudeur». La jeune femme aurait été victime d’un viol par deux policiers dans la voiture de ceux-ci, alors que le troisième policier aurait essayé de réclamer de l’argent à son compagnon menotté.

Les trois policiers ont été arrêtés suite à la plainte de la jeune femme, qui s’est retrouvée à son tour accusée d’«atteinte à la pudeur», ce qui pourrait lui valoir, ainsi qu’à son fiancé, six mois de prison.

«Le fait que les deux affaires soient instruites par le même juge laisse supposer, comme l’affirment des représentants de la société civile tunisienne, qu’il s’agit d’une tentative de faire pression sur la victime pour qu’elle retire sa plainte», estime Mme Brasseur. «Les tentatives de faire taire la victime en la transformant en accusée font revivre des souvenirs d’un passé sinistre». Elle salue par ailleurs la mobilisation de la société civile pour défendre la victime du viol.

«Selon des témoignages dignes de foi, le viol comme moyen de répression est encore une pratique en Tunisie. En plus, plusieurs Ong tunisiennes accusent la police de harcèlement envers les femmes, à cause de leur tenue ou sous un autre prétexte. Cela ne fait que confirmer la validité des conclusions de la Résolution 1893 (juin 2012) de l’Assemblée* sur la nécessité d’une réforme urgente et profonde de la police. Les Tunisiens ont besoin d’un service public qui les protège, non d’une machine de répression dont ils ont peur», a-t-elle conclu.

Source: communiqué.

* Res 1893 (2012), paragraphe 10.2: «La réforme profonde des secteurs de la justice et du maintien de l’ordre public est une nécessité pour rétablir la confiance des Tunisiens envers les magistrats et la police, pour rendre justice aux victimes de l’ancien régime, pour vaincre l’insécurité et l’impunité, et pour rétablir ainsi l’autorité de l’Etat.»