Leur collègue libéré, les employés de Transtu ont interrompu vers midi la grève déclenchée mercredi matin. Mais la tension est restée vive à la Place Mohamed Ali, siège de l’Ugtt, la centrale syndicale.
Par Zohra Abid
La place est, en effet, quadrillée par la police et les syndicalistes sont venus nombreux pour garder le siège de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), au centre-ville de Tunis, que des fondamentalistes religieux, agitant des slogans pro-Ennahdha et pro-gouvernement, essayent d’attaquer.
La police s’interpose entre les syndicalistes et les islamistes
Après les quelques affrontements: jet de pierres, coups de poings et coups de bâtons entre syndicalistes et partisans d’Ennahdha, les forces de l’ordre sont intervenues sans violence et ont pu évacuer la place. Les uns ont été poussés vers la rue Mohamed Ali et les autres vers la rue Mongi Slim.
«Ça va aller, et nous sommes-là, très vigilants», a dit à Kapitalis le chef du district de la police.
Les syndicalistes ont dû, entre-temps, appeler leurs camardes via les réseaux sociaux à venir nombreux en renfort pour protéger le siège de l’Ugtt, pris pour cible par les partisans d’Ennahdha.
Autour de la Place, un islamiste cause avec un cercle de policiers et leur dit qu’il est prêt à tout puisque «nous sommes persécutés et ces laïcs doivent se plier au gouvernement légalement élu». Les policiers discutent gentiment avec les assaillants, qui ne baissent pas la garde.
Un peu plus loin, un groupe de barbus – signe distinctif de l’appartenance au mouvement islamiste –, ainsi qu'une foule jeunes, les cheveux imbibés de gel, discutent calmement : ils n’ont pas l’air de vouloir rentrer de sitôt.
A cause d’un accident de la route sans gravité
Mobilisation des syndicalistes à laPlace Mohamed Ali.
De l’autre côté de la rue Mongi Slim, un jeune syndicaliste fait son speech. Autour de lui ses camarades ainsi qu’une armada de jeunes policiers, qui lui colle au corps, craignant une échauffourée.
«Nous n’allons pas à revenir aux pratiques de Ben Ali. Notre collègue a percuté la voiture d’une femme nahdhaouie. Le compagnon a agressé notre collègue. La dame a téléphoné au ministère d’Ali Lârayedh (ministère de l’Intérieur, Ndlr) et notre collègue a été, dans les minutes qui suivent, mis en détention», raconte un syndicaliste à Kapitalis.
Les employés de Transtu, en grève mercredi, qui sont venus à la Place Mohamed Ali pour dénoncer ces pratiques, ont quitté les lieux vers le début de l’après-midi, car leurs dirigeants syndicalistes leur ont dit d’arrêter la grève. Leur collègue venait d’être relâché par la police judiciaire.
Zohra Abid