ELECTIONTUNISIELes prochaines élections législatives et présidentielle en Tunisie auront lieu le 23 juin, à la suite d’un accord entre les membres de la coalition au gouvernement.

C’est ce qu’a annoncé le parti islamiste Ennahdha, qui domine cette coalition, dans la nuit de samedi à dimanche.

Des élections générales le 23 juin 2013

Les trois partis de la coalition se sont accordés pour «proposer la date du 23 juin 2013 pour la tenue des prochaines élections législatives et présidentielle, un deuxième tour de la présidentielle devant se tenir le 7 juillet», a indiqué le parti islamiste.

Ce communiqué signé par les trois partis de la coalition – Ennahdha et deux formations de centre-gauche, Ettakatol et le Congrès pour la République (CpR) – annonce aussi qu’un compromis a été trouvé sur la nature du régime politique qui sera défini dans la future Constitution.

Ce compromis prévoit «un régime politique mixte dans lequel le président sera élu au suffrage universel pour un meilleur équilibre des pouvoirs et au sein du pouvoir exécutif», explique le communiqué. Ce qui signifie que le parti Ennahdha a abandonné son option initiale pour un régime parlementaire pure, après avoir compris qu’il aura du mal à faire passer son projet au sein de l’Assemblée nationale constituante (Anc).

Les trois partis de la coalition peinaient depuis des mois pour trouver un compromis sur la Constitution en cours de rédaction. Les islamistes réclamaient un régime parlementaire pur alors que ses partenaires étaient favorables à un système politique laissant des prérogatives importantes à un chef de l’Etat élu au suffrage universel.

Les élections générales ne peuvent cependant être organisées qu’après l’adoption de la nouvelle loi fondamentale, qui doit encore être approuvée article par article puis dans son intégralité à une majorité des deux tiers de l’Anc.

Selon le compromis annoncé dans la nuit, les trois partis se sont aussi mis d’accord sur une commission électorale indépendante et un candidat à sa présidence, ainsi que sur la création d’«une instance supérieure de l’audiovisuel», deux sujets à l’origine de tensions au sein de la coalition.

Application des décrets-lois 115 et 116

Samedi, des personnalités proches des négociations avaient annoncé à l’Afp qu’un accord sur ces thèmes était intervenu après de longues négociations entre Ennahdha, le CpR, dont est issu le chef de l’Etat Moncef Marzouki, et Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Anc.

Des sources au sein de la «troïka» ont indiqué à Kapitalis que la coalition au pouvoir va également proposer aux autres participants au «dialogue national», initié par l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), la mise en application des décrets-lois 115 et 116 relatifs au nouveau Code de la Presse et à la création de la Haute autorité indépendante pour la communication audio-visuelle (Haica), publiés sur le Journal officiel début novembre dernier, mais que le gouvernement Jebali a refusé, jusque-là, d’appliquer, se réservant la possibilité d’intervenir directement dans les affaires des médias, et notamment dans la nomination des responsables des médias publics.

Kamel Jendoubi présidera l’Instance des élections

Un compromis semble s’être également dessinée à propos de la mise en place de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), et un consensus s’est dégagé pour la reconduite de Kamel Jendoubi à la tête de cette instance, d’autant qu’il a piloté, avec succès, les élections du 23 octobre 2011. Outre la crédibilité du personnage et son expérience, sa nomination va assurer un minimum de continuité dans le fonctionnement de cette instance.

Leur gouvernement est l’objet de vives critiques en raison de la lenteur des travaux à l’Anc, d’autant que la plupart des forces politiques représentées s’étaient engagées à ce que la nouvelle loi fondamentale soit adoptée dans un délai d’un an à compter de l’élection de la Constituante le 23 octobre 2011.

Le gouvernement a longtemps tablé sur des élections générales en mars, avant de reconnaître qu’elles seraient repoussées à une date ultérieure faute d’accord sur la Constitution.

I. B. (avec Afp)