Décrié au sein de la Constituante qu’il préside et de son parti, Ettakatol, où l’on ne compte plus les démissions, Mustapha Ben Jaâfar croit pouvoir rétablir sa crédibilité en tenant le bâton par le milieu.
L’exercice est facile et permet de ne pas trop s’engager dans un sens ou dans l’autre, tout en espérant satisfaire, ne fut qu’à moitié, tout le monde, et de les décevoir autant.
L’art de donner raison à tout le monde
Le président de l’Assemblée nationale constituante (Anc), consensuel par tempérament, et toujours assis entre deux chaises, aime donner raison à tous les protagonistes politiques, tout en les renvoyant dos-à-dos. C’est l’exercice auquel il s’est prêté, une nouvelle fois, dans son adresse aux Tunisiens, vendredi soir, sur la chaîne publique Watania 1 et la chaîne privée Hannibal TV.
M. Jaâfar a, en effet, affirmé que la solution aux problèmes de l’heure réside dans le dialogue et le consensus, appelant toutes les parties à rejoindre la table des négociations pour remédier à tous les points litigieux, surmonter cette étape, faire parvenir le pays à bon port en organisant des élections transparentes et crédibles.
Le président de l’Anc a indiqué que les tiraillements politiques et les divergences de vues sont à l’origine des tensions qui règnent dans le pays, soulignant qu’«il y a ceux qui estiment que l’actuel gouvernent est le meilleur dans l’histoire de la Tunisie et ceux qui pensent que ce gouvernement a échoué dans sa mission», considérant ces deux constats impropres, dès lors qu’ils sont susceptibles d’aboutir à l’anarchie, selon son expression.
Il a ajouté que «le citoyen tunisien doute aujourd’hui du gouvernement, de l’opposition, de ses représentants au sein de l’Anc et des médias», ce qui aggrave sa perception de ses problèmes, notamment l’emploi, les conditions de vie et les majorations salariales.
Le gouvernement et l’opposition renvoyés dos-à-dos
«Nous-nous trouvons dans une phase qui exige une évaluation objective», a-t-il dit, considérant que le gouvernement n’est pas à l’abri des erreurs et qu’il faudrait un minimum de courage pour les reconnaître et les rectifier.
Il s’est, en outre, interrogé sur les raisons qui poussent l’opposition à camper sur ses positions qu’il a qualifiées de «négatives», l’invitant à proposer des solutions aux problèmes de l’heure et à reconnaître les droits de la majorité à l’Assemblée, sans pour autant méconnaître le sentiment de «déception et de marginalisation» que ressentent certains constituants de l’opposition.
Le président de l’Anc a, également, déclaré que les points litigieux entre les parties politiques sont sur la voie d’être résolus, relevant la nécessité de réaliser un consens autour de la nouvelle constitution qui garantit les droits, les libertés et l’égalité, et reflète l’image de la société tunisienne, une société modérée, équilibrée, enracinée dans son identité arabo-musulmane, et ouverte sur les valeurs humaines et les autres cultures.
Il a affirmé que le prochain régime politique fera l’objet d’un consensus, précisant qu’il sera sûrement «démocratique» et garantira l’équilibre et la séparation entre les pouvoirs, et l’indépendance de la justice, de même qu’il instituera la création d’une cour constitutionnelle.
I. B. (avec Tap)