nidatunisLe parti Nida Tounes appelle à renforcer la légitimité électorale par une légitimité consensuelle, alors qu’Ennahdha cherche à exclure le parti de M. Caïd Essebsi du débat sur l’avenir du pays. Les Tunisiens trancheront…

La polémique autour de la date du 23 octobre et son impact juridico-politique sur la fin de la «légitimité électorale» prendre de l’ampleur au milieu d’un antagonisme profond entre les différents protagonistes du paysage politique et d’une divergence de vues sur l’initiative de «dialogue national», lancée par l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt).

Cette réunion, qui vise à réunifier les positions et élaborer une feuille de route pour échapper à la situation de tension et de crise qui prévaut dans le pays, doit s’ouvrir mardi 16 octobre, à Tunis, soit deux jours avant la date de l’annonce de la proposition de feuille de route pour la période à venir.

Au cœur des tiraillements politiques actuels se trouvent les partis Ennahdha et Nida Tounes, deux forces politiques majeures dont les relations sont marquées par une logique de profonde divergence et même de confrontation, l’un défendant la «légitimité électorale» et l’autre la «légitimité consensuelle» pour traverser sans encombre la seconde phase transitoire issue des élections du 23 octobre 2011.

Ajmi Lourimi (Ennahdha): «Non à Nida Tounes»

Selon Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif d’Ennahdha, son parti boycottera le «débat national» initié par l’Ugtt, auquel participera Nida Tounes, parti taxé de «contre-révolutionnaire qui refuse la légitimité électorale et cherche à faire entrer le pays dans une ère de vide politique», selon ses dires.

Nida Tounes rassemble tous «les ennemis de la révolution et du mouvement Ennahdha», a-t-il ajouté, indiquant que «le président dudit mouvement, Béji Caïd Essebsi, n’hésite pas à annoncer que la légitimité prendra fin le 23 octobre, ce qui pourra avoir des retombées néfastes sur la situation du pays».

Le responsable d’Ennahdha a ajouté que «tout ce qui est dit à ce propos n’est que pure mensonge et tromperie», mettant l’accent sur «la nécessité de respecter la volonté de l’Assemblée nationale constituante (Anc), source exclusive et unique de la légitimité dans le pays.»

«Le 18 octobre 2012, la ‘‘troïka’’ annoncera une série de mesures relatives à l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), la date des prochaines élections et la nature du régime politique escompté», a-t-il conclu.

Mondher Bel Haj Ali (Nida Tounes): «Non à l’exclusion!»

Pour Mondher Bel Haj Ali, membre du bureau exécutif de Nida Tounes, l’habilitation conférée par le peuple aux vainqueurs de ces élections n’est ni absolue ni illimitée dans le temps. Une telle position, a-t-il soutenu, trouve son bien-fondé dans l’accord signé, le 15 septembre 2011, par 11 partis, prévoyant l’élaboration par l’Anc du texte de la nouvelle constitution dans un délai n’excédant pas une année.

Cet accord revêt une dimension juridico-politique et morale nullement démentie, a-t-il indiqué, soulignant que la fin de la légitimité électorale, le 23 octobre, ne signifie nullement jeter le pays dans le nihilisme juridique et le vide institutionnel. «Nida Tounes, est un mouvement patriotique, responsable et crédible, qui œuvre à garantir la continuité des institutions de l’Etat», a-t-il dit, ajoutant que la légitimité consensuelle, qui reste à consacrer ensemble, aura pour mérite d’accélérer la rédaction de la nouvelle constitution, de mettre sur pied une Instance supérieure indépendante des élections (Isie) et d’adopter un code électoral.

Une telle œuvre ne saurait être réalisée sans la désignation de personnalités indépendantes à la tête des ministères de souveraineté, notamment ceux de l’Intérieur, la Justice et les Affaires étrangères, celui de la Défense étant déjà piloté par un indépendant, a-t-il encore ajouté.

La contre-révolution, confie le responsable de Nida Tounes, est un mouvement fomenté par les forces qui n’ont pas réussi à trouver «des solutions concrètes et efficaces» aux dossiers brûlants de l’emploi, du développement régional et du caractère civil de l’Etat, faisant ainsi allusion aux partis d la coalition gouvernementale, à savoir Ennahdha, le Congrès pour la république (CpR) et Ettakatol.

En réponse aux accusations portées contre le mouvement Nida Tounes concernant l’existence présumée d’anciens Rcdistes dans ses rangs, M. Bel Haj Ali a affirmé qu’il s’agit bien d’une campagne tendancieuse visant la personne de Béji Caïd Essebsi, leader du parti. Ce dernier est, en effet, un ex-dirigeant du Rcd (ancien parti au pouvoir) et un ancien président de la Chambre des députés sous le règne de l’ancien dictateur Ben Ali. Mais il convient de préciser qu’il a quitté ses fonctions dès 1990, quand il a vu les premiers signes de la dérive autoritaire du régime.

Par ailleurs, et par-delà la personnalité de M. Caïd Essebsi, la «troïka» au pouvoir n’a pas à exclure les gens de la vie politique, a assuré M. Bel Haj Ali, affirmant que seule la justice est habilitée à se prononcer sur la question.

La Tunisie est «notre patrie à tous», a-t-il renchéri, affirmant que Nida Tounes «tend la main à tous les courants politiques afin de sortir de la situation économique critique que vit le pays.» Toutes les parties sont appelées à «faire prévaloir la raison et à œuvrer de concert à rassurer les jeunes», a-t-il conclu.

I. B. (avec Tap)