Une centaine de personnes s’étaient rassemblées, lundi, devant l’ambassade de Tunisie à Paris, en écho aux manifestations contre les violences politiques qui ont eut lieu, au même moment, à Tunis. Vidéo.
Par Marie-Jeanne Kimberley
L’appel au rassemblement du Comité tunisien de défense des libertés (Ctdl) et de l’Association des Tunisiens de France (Atf) est clair, le peuple veille, même de l’autre côté de la Méditerranée.
Non aux violences et meurtres politiques
Les violences des milices religieuses et des Comités populaires de protection de la révolution (Cppr) se multiplient dans le pays.
À Tataouine, jeudi 18 octobre, une manifestation, organisée par le Comité populaire de protection de la révolution, proche du parti islamiste au pouvoir Ennahdha, a dégénéré en affrontements. Conséquence: les heurts violents ont atteint l’apogée de l’horreur avec le lynchage, en pleine rue, de Mohamed Lotfi Naqdh, représentant local de Nida Tounes, le parti libéral fondé il y a quelques mois par l’ex-Premier ministre Béji Caid Essebsi.
Les partis présents au rassemblement de Paris, dont Al-Massar France, Al-Joumhouri France Nord et Nida Tounes, n’ont pas souhaités prendre la parole, laissant le soin aux associations de dire leur indignation face au comportement du gouvernement dans cette affaire.
Les citoyens disent NON aux assassinats politiques.
Le comité reçu par l’ambassadeur Adel Fekih
L’acharnement et la violence dont on fait preuve les miliciens envers le responsable local de l’Union régionale des Agriculteurs et de Nida Tounes et 8 autres personnes, dont une est encore à ce jour dans le coma, et la tentative du ministère de l’Intérieur de faire passer le meurtre de Mohamed Lotfi Naqdh pour une simple crise cardiaque, ont beaucoup choqué et suscité de l’inquiétude dans les rangs d’une opposition, qui semble prise pour cible par le bras armé du parti au pouvoir.
Houcine Bardi, qui a pris la parole pour le Ctdl, a rappelé que les violences étaient inacceptables, peu importe les sensibilités politiques des auteurs et victimes.
Une délégation a été envoyée à l’ambassade afin de porter au représentant de la Tunisie en France les «exigences de paix sociale et de sécurité des Tunisiennes et Tunisiens dans leur intégrité morale et physique et de défense du processus démocratique afin de protéger les acquis de la révolution». Les manipulations politiques ont également été dénoncées.
Adel Fekih, ambassadeur de Tunisie en France, a accepté de recevoir la délégation, entendu des revendications, et appelé la société civile à continuer son travail de vigilance.
Karim Azouz angoisse les Tunisiens de France
Les associations n’ont pas manqué de faire part à l’ambassadeur de leur inquiétude de voir Karim Azouz, un militant d’Ennahdha, nommé au poste de consul général de Tunisie à Paris, et de demander à ce qu’il soit démis de ses fonctions.
Aucune banderole, peu de drapeaux, mais des citoyens endeuillés et en colère.
Dans un contexte politique tendu, et alors que le parti Ennahdha a placé certains de ses représentants à des postes clefs depuis plusieurs mois, la société civile s’inquiète de voir ce jeune homme sans expérience à ce poste, qui exige une impartialité sans faille afin de représenter au mieux tous les citoyens tunisiens de Paris.
Une pétition circule qui dénonce la nomination de ce «consul partisan».
La neutralité inhérente à cette fonction semble compromise par un Karim Azouz dont on se souvient qu’il n’avait pas hésité à traiter de «bourgeoises» les femmes réclamant l’inscription dans la constitution de l’égalité totale entre hommes et femmes en lieu et place de la «complémentarité». Un technocrate indépendant serait sans doute mieux indiqué pour un poste aussi important.