Kamel Letaïef doit être entendu par le juge comme témoin dans une affaire d’échange de 7 Sms relatifs à des opérations violentes, survenues ou programmées, et qui visaient de déstabiliser le pays.
Selon l’avocat Mohamed Cherif Jebali, qui a porté plainte contre X pour complot contre la sûreté intérieure de l’Etat, dans le cadre de laquelle l’homme d’affaires Kamel Letaïef devrait être entendu, probablement jeudi, par le juge d’instruction, M.Letaïef sera entendu comme témoin et non comme accusé.
Il a aussi expliqué que ni l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, ni l’ex-ministre de l’Intérieur Ahmed Friâa ni encore l’ex-ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane, ne seront entendus par le juge. Leurs noms, en tout cas, ne figurent pas dans le dossier actuellement en instruction, a indiqué l’avocat au micro de Naoufel Ouertani dans l’émission ‘‘Midi Show’’ sur Mosaïque FM.
L’avocat a cependant indiqué que l’affaire dans laquelle M. Letaïef a été entendu est très grave. Elle concerne des opérations de déstabilisation politique (explosions, kidnapping, usage d’armes…), dont certaines ont d’ailleurs eu lieu.
Tout a commencé le 2 mai : 7 Sms ont été envoyés, par erreur, à une personne, qui en a fait part à Me Jebali. Les messages étaient codés. Avec l’aide du haut cadre du ministère de l’Intérieur Samir Feriani, le contenu de ces messages a été décodé et la gravité de leur contenu révélée: il s’agit, entre autres, d’incendies à Siliana, de violences au stade de Bizerte (qui avaient déjà eu lieu au moment de l’échange) et même d’un projet de kidnapping de l’avocat Slaheddine Caïd Essebsi, frère de Béji Caïd Essebsi, alors Premier ministre, prélude à une demande d’échange avec Imed Trabelsi, neveu de Leïla Ben Ali, emprisonné.
Me Jebali raconte avoir demandé de rencontrer M. Caïd Essebsi. Au palais du gouvernement de la Kasbah, il a été reçu par Ridha Belhaj, alors ministre délégué auprès du Premier ministre. Après une longue attente, ce dernier lui a expliqué que M. Caïd Essebsi a quitté son bureau et lui a demandé d’aller faire part de l’affaire à l’ex-ministre de l’Intérieur, Habib Essid. Il a été reçu par ce dernier le même jour vers 13h30.
«M. Essid a vu les Sms et il n’a eu aucune réaction. Il a semblé ne pas donner d’importance à l’affaire», a expliqué M. Jebali.
C’est ainsi que l’affaire a été portée à la justice. Et c’est sur la demande du juge que les échanges téléphoniques de nombreux suspects ont été examinés, dont ceux de M. Letaïef. Certains échanges de ce dernier ont nécessité son audition.
«M. Letaïef possède les numéros de téléphone de tous les responsables du ministère de l’Intérieur avec lesquels ils s’entretenaient régulièrement», s’est étonné M. Jebali.
Me Cherif était fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Il a travaillé au bureau des études de la direction des frontières, avant d’être limogé en 1995 pour non application des instructions émanant de ses chefs. C’est, en tout cas, ce qu’il affirme lui-même.
Z. A.