Tunisie. La libération de Zouari et Tekkari «inquiète» certains juges Des juges «craignent» que la libération, début novembre, des anciens ministres Abderrahim Zouari et Béchir Tekkari, ne soit un préalable à leur acquittement.

 

L'Observatoire tunisien de l'indépendance de la justice (Otij), présidé par le juge Ahmed Rahmouni, a mis en garde le pouvoir exécutif, représenté par le ministère de la Justice, contre le fait d'«anticiper le règlement des dépassements et des crimes économiques dans le processus de la justice transitionnelle, en opposition aux exigences de la recherche de la vérité, de la réparation des victimes et de la détermination des responsabilités».

«Poursuivre en justice les symboles de l'ancien régime, établir les faits sur les atteintes graves aux droits de l'homme qu'ils ont commis et sanctionner les responsables de ces violations, sont une condition sine qua non pour rompre avec la dictature et consacrer la justice transitionnelle», a estimé l'Observatoire dans un communiqué publié, vendredi, à l'issue de la réunion de son bureau directeur.

L'Observatoire a noté que les poursuites judiciaires engagées contre les deux anciens ministres Abderrahim Zouari (Transport) et Béchir Tekkari (Justice) sont fondées sur «des crimes qui ne reflètent pas leur responsabilité dans la mise au pas de la justice, la persécution des militants, l'organisation de procès orchestrés, la formulation de fausses accusations contre des défenseurs des droits humains et d'opposants politiques, ainsi que la couverture des criminels et la défendre d'un système de corruption et de dictature».

L'Otij a considéré que le fait de poursuivre ces deux anciens ministres uniquement dans des affaires de droit commun «porte atteinte aux droits des victimes et à la nécessité de réparer les préjudices».

L'observatoire a fait part de sa «crainte» que la libération des responsables de l'ancien régime et le refus de les poursuivre pour «les dépassements graves et les crimes de corruption» ne soit un préalable à leur acquittement.

Abderrahim Zouari et Béchir Tekkari, anciens ministres de Ben Ali, qui étaient détenus dans des affaires de corruption, ont été libérés début novembre à la fin de la période légale de détention préventive, en vertu du code des procédures pénales.

Source : Tap.