L'ouverture du bureau régional de Nida Tounes à l'Ariana a été célébrée en grandes pompes, aujourd'hui, au Grand Hôtel d'El Menzah VII, et sans aucun incident signalé.

L'ouverture du bureau régional de Nida Tounes à l'Ariana a été célébrée en grandes pompes, aujourd'hui, au Grand Hôtel d'El Menzah VII, et sans aucun incident signalé.

Par Zohra Abid

Les menaces, il y a une semaine, des membres de la Ligue nationale de la protection de la révolution (Lnpr) d'empêcher l'organisation du meeting de Nida Tounes, aujourd'hui, au Grand Hôtel d'El Menzah VII, n'ont finalement fait qu'encourager les gens à venir nombreux au meeting. Il y a eu, en effet, une foule des grands jours.

Les «révolutionnaires» de la dernière heure

Les anti-Nida Tounes.

Les anti-Nida Tounes.

10 heures, devant le Grand Hôtel, une armada de policiers en civil, en uniforme et en tenue Ninja assurent la sécurité des milliers de sympathisants de Nida Tounes qui ont sacrifié, pour l'occasion, une fois n'est pas coutume, leur grasse matinée de dimanche.

Face à eux, une poignée d'individus appartenant à la Ligue nationale de la protection de la révolution – association proche d'Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir – dont certains ont menacé la semaine dernière le directeur du Grand Hôtel pour le faire revenir («à l'amiable sinon...») sur son accord pour accueillir les partisans de Nida Tounes. Ils ont été, visiblement, incapables de mobiliser plus d'une dizaine de personnes.

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Dispositif de sécurité important.

Il faut dire que, suite à leurs menaces, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué avertissant que toute personne qui perturberait le meeting d'un parti politique ou provoquerait des troubles sera punie selon la loi.

Les membres de la soi-disant Ligue nationale de la protection de la révolution (où l'on ne compte pas le nombre des anciens partisans du Rcd, ex-parti au pouvoir dissous) ont tenu néanmoins à protester, calmement, contre Nida Tounes en brandissant des affiches contenant des messages de type: «Nous ne permettons pas au retour de la corruption»; «Le retour du Rcd est un crime contre le peuple et sa révolution» ou encore «Choisir entre la Tunisie ou la bande du déchu» (Ben Ali, Ndlr)...

Certains des protestataires se sont même présentés aux médias comme étant des «Salafistes», ou carrément des «membres d'Ennahdha, et fiers de l'être». Parmi eux, une seule femme, voilée, et la seule à crier sa haine pour le Rcd.

Entrée de Taïeb Baccouche sous les ovations.

Entrée de Taïeb Baccouche sous les ovations.

Fortement mobilisée, la police quadrillant l'hôtel de tous les côtés et contrôlant les issues et les papiers des invités a, au final, réussi à contenir la colère de ces personnes. Leur mouvement était comme un coup d'épée dans l'eau.

Hommages posthumes à Bourguiba, Haddad et... Lotfi Nagdh

10 heures 30, la grande salle de réunion est déjà archi comble. Malgré l'organisation impeccable, on se bouscule bien à l'entrée.

10H45, Taïeb Baccouche, secrétaire général de Nida Tounes fait son entrée et se paye un bain de foule aux cris de «Tounes, Tounes, Tounes...». Avant de monter à la tribune avec les membres du bureau exécutif de son parti, M. Baccouche a serré la main de ses partisans prenant place à la première rangée.

Dans la salle, tout le monde, debout, agite des drapeaux. Après l'hymne national chanté en chœur par les petits et les grands, une minute de silence a été observée en hommage à Lotfi Nagdh, militant de Nida Tounes, décédé le 18 octobre à Tataouine, après avoir été lynché par des éléments membres de la Ligue de protection de la révolution de cette ville du sud. Puis place à la poésie avec le poète national Ahmed Sghaïer Ouled Ahmed. Des hommages ont été ensuite rendus à Habib Bourguiba, Tahar Haddad, à l'islamologue Mohamed Talbi, et au doyen de la faculté des Lettre de Manouba Habib Kazdaghli (ces deux derniers étaient présents dans la salle).

Parmi les présents, des hommes d'art et de culture, des penseurs, des avocats, des médecins, des universitaires, des syndicalistes et un nombre impressionnant d'hommes et de femmes ayant démissionné d'Ettakatol, parti de Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante (Anc).

Tout ce beau monde a déjà payé à l'entrée sa cotisation, rempli un formulaire et adhéré au parti de l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, fondé il y a 5 mois et qui commence déjà à faire trembler les autres partis.

Khemaies Ksila, Mohamed Elloumi, Mondher Haj Ali, Lazhar Akremi Chebbi chantent l'hymne national.

Khemaies Ksila, Mohamed Elloumi, Mondher Haj Ali, Lazhar Akremi Chebbi chantent l'hymne national.

Rcdistes vous mêmes !

Après avoir prononcé son mot de bienvenue, Nejib Fessi, coordinateur du bureau Nida Tounes de l'Ariana, a fait son speech où il a dénoncé les provocations et les pratiques de certains mouvements extrémistes. Sous les cris des présents: «Ni peur, ni terreur, le pouvoir est au peuple». Et à la demande des sympathisants, M. Fessi a indiqué l'adresse du nouveau bureau. C'est au 10 rue Mendes France, derrière le marché, au cœur de la «ville des roses».

Et les femmes dans Nida Tounes? Elles sont de plus en plus nombreuses et selon certaines conférencières, le statut de la femme de 1956 a précédé la rédaction, en 1956, du Destour. «Nous allons défendre nos acquis, l'égalité entre les deux sexes, entre les femmes qui travaillent et celles au foyer, et nous défendrons les principes de la révolution. Notre emblème c'est le travail, la liberté et la dignité nationale», a martelé une universitaire syndicaliste.

Comme les femmes, les hommes de Nida Tounes ont défilé tour-à-tour à la tribune faisant leur speech et rappelant les présents qu'ils seront au service des Tunisien(e)s partout où ils sont.

La boutique Nida Tounes a du succès.

La boutique Nida Tounes a du succès.

Les dirigeants du parti, qui se sont succédé à la tribune, ont tous dénoncé les tentatives d'intimidation, la violence politique qui cible leur parti, les accusations infondées les assimilant à des Rcdistes ou à des élitistes non concernés par la cause du peuple..., et réitéré leur détermination à préserver les acquis des Tunisiens et, surtout, des Tunisiennes.