Kamel El-Houki, un ancien détenu politique, a démissionné d'Ennahdha pour avoir découvert que des civils, côte-à-côte avec la police, ont participé, le 9 avril dernier, aux agressions des manifestants.
M. El-Houki a notamment déclaré à la chaine privée ''Al-Hiwar Attounissi'', qu'il connaît le nom de ces personnes et qu'il a fait part de ses inquiétudes aux dirigeants de son parti. Il a laissé entendre qu'il ne craint pas de représailles et que s'il y a un risque, cela importe peu, car il va mourir comme tout le monde et cela s'arrêterait là.
M. Elhouki a précisé que suite à ces pratiques miliciennes utilisées par le parti islamiste aujourd'hui au pouvoir, il a choisi de s'en retirer et de ne plus continuer à le cautionner.
Suite aux évènements du 9 avril, qui ont fait plusieurs blessés, le ministre de l'Intérieur Ali Lârayedh a été interrogé au sein de l'Assemblée nationale constituante (Anc) et une commission d'enquête parlementaire a été créée, qui n'a pas encore rendu son rapport. Cependant, plusieurs témoignages ont démontré l'implication d'éléments proches d'Ennahdha – des miliciens en civil – dans les violences contre les opposants, avec des photos, des vidéos et des reportages à l'appui, mais à ce jour, aucune suite n'a été donnée à l'affaire et le dossier semble déjà enterré.
Dans une précédente interview au quotidien ''Echourouk'' (alors censuré par la rédaction en chef), en août dernier, Kamel Houki avait déclaré que Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, est le principal responsable de la dérive au sein de ce parti, car il domine toutes les instances et a pris des décisions unilatérales, qui ont risqué d'entrainer la destruction du parti, notamment lorsqu'il a choisi la confrontation avec le régime destourien de Bourguiba et par la suite celui de Ben Ali. Il a ajouté également que M. Ghannouchi se prend pour un deuxième Bourguiba et cherche à passer pour un «zaïm» (leader) exemplaire.
M. El Houki avait ajouté que Rached Ghannouchi conduira la Tunisie à la destruction, tout comme il l'avait fait auparavant avec le parti Ennahdha.
Z. A.
