Les détenus salafistes dans la prison d'El Mornaguia ont suspendu temporairement leur grève de la faim sauvage, en espérant une réaction positive des autorités concernées.
Cette annonce a été faite, dimanche, par le président du comité de défense des prisonniers, Me Anouar Ouled Ali.
L'avocat a indiqué à l'agence Tap que «les 54 détenus qui font la grève de la faim ont donné un délai d'une semaine à l'autorité de tutelle, pour accélérer soit leur libération, soit leur jugement», annonçant que 12 avocats du comité de défense, qui en compte 50, ont visité, dimanche, plusieurs de leurs clients pour se rendre compte de leur état de santé.
Le président du comité de défense a attiré l'attention sur ce qu'il a qualifié d'«atteinte flagrante à la preuve d'innocence», en ce qui concerne le dossier des détenus du courant salafiste.
De son côté, la présidente de l'Association tunisienne de lutte contre la torture (Atlt), Me Radhia Nasraoui, a précisé avoir demandé de visiter les détenus, mais attend encore une autorisation du ministère de la Justice. Elle a appelé à «ouvrir une enquête sérieuse et impartiale sur ce dossier, devant être conduite par une commission d'enquête formée de militants des droits de l'Homme».
La maltraitance dans les prisons tunisiennes
Me Nasraoui n'a pas nié ce qu'elle a qualifié de «maltraitance, constatée de façon générale, au sein des prisons tunisiennes, comme en témoigne les plaintes et les témoignages des victimes et des agents des prisons», déclarant «qu'elle ne s'étonnait pas du non respect des droits des prisonniers en Tunisie, après le 14 janvier». Elle a encore indiqué «que son association a été informée au cours des deux derniers mois, de deux cas de décès en prison dans des conditions obscures.» Elle a, par ailleurs, considéré que «les deux rapports du médecin légiste vont permettre de trancher dans l'affaire du décès de Béchir El Golli et Mohamed Bakhti».
Le ministère de la Justice avait publié samedi un communiqué annonçant la tenue d'une série de réunions de concertation avec plusieurs représentants d'organisations nationales œuvrant dans le domaine des droits de l'Homme. Ces concertations ont été axées sur le rôle de la société civile dans le traitement du phénomène de la grève de la faim dans les prisons.
Le nombre de détenus appartenant à la mouvance salafiste, dans les prisons de Mornaguia, Bulla Régia et Messaâdine, s'élèverait à ordre de 300 à 400 individus.
Ils sont accusés d'être impliquées dans les évènements de l'ambassade des Etats-Unis, du Palais Abdellia, de la Mosquée El Fath et de Nessma TV (à propos du film ''Persépolis'') ainsi que dans d'autres affaires similaires.
I. B. (avec Tap).