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La domination du parti islamiste Ennahdha et la montée irrépressible de Nida Tounes n'ont pas érodé la popularité d'Al-Jomhouri en France, qui peut se relancer dans la course: la dépression post-électorale est déjà oubliée.

Par Imed Bahri

 La secrétaire générale d'Al-Jomhouri (Parti républicain) a passé deux journées bien pleines, les 17 et 18 novembre, à Paris, où elle a rencontré les militants d'Al Joumhouri France Nord.

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Marche de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Ces derniers ont montré, selon leurs termes, «esprit de corps, jeunesse et ambition affichée pour une Tunisie ancrée dans le troisième millénaire». Mais au-delà des slogans politiques, qui se veulent mobilisateurs pour une campagne électorale prématurément lancée par tous les partis, et pas seulement par Al-Jomhouri, Mme Jeribi a eu, pendant ses deux journées parisiennes, un agenda bien chargé.

Au pas de charge...

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Arrivée de Maya Jeribi au meeting sous les aplaudissements des militants.

Ainsi, le samedi 17 novembre, après un accueil à l'aéroport par une vingtaine de militants qui l'ont accueillie à sa descente d'avion, agitant des drapeaux tunisiens et l'emblème de leur parti, Mme Jeribi a pris la route des studios de France 24 arabe où elle a été interviewée par notre confrère Taoufik Mjaied.
Sans perdre du temps, elle s'est dirigée ensuite vers la place de l'Opéra où elle a pris part à la marche pour Gaza, organisée par plusieurs associations pro-palestiniennes à Paris. Elle a eu le temps d'apprécier le talent oratoire de Adnane Ben Youssef, secrétaire général exécutif de la fédération France nord d'Al Joumhouri, qui a pris la parole à cette occasion pour exprimer la solidarité sans faille avec les Palestiniens de Gaza.

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«Nous unirons le camp des démocrates, car c'est avant tout le modèle de société que nous devons défendre», lance Maya Jribi.

En fin d'après-midi, Maya Jribi a présidé une rencontre avec les militants du parti. Au menu des discussions, qui se sont déroulées sans langue de bois: la création de secrétariats nationaux dédiés (jeunesse, économie, emploi...), le sort de l'initiative pour la concorde nationale lancée par Al-Jomhouri...

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Présence fort remarquée de Selim Ben Abdesselem, élu de l'Assemblée nationale constituante (Anc).

C'était une sorte d'échauffement avant d'attaquer le grand meeting de la soirée, ponctué par des chants de l'une des figures de la chanson engagée tunisienne, l'artiste Mohamed Bhar, en présence de près de 300 personnes.

Maya Jeribi était venue écouter les préoccupations des militants politiques représentant la communauté des Tunisiens de France. Ont pris ainsi la parole, tour-à-tour, Tawfik Jelassi, secrétaire général de la fédération France Nord, Tarek Toukabri, ex-tête de liste, membre de la fédération France nord et militant associatif, Hajer Ben Djemaâ, membre d'une des 4 sections du parti, issue de la deuxième génération, qui a appelé à «faire des binationaux des citoyens égaux en droit et de les considérer comme un atout pour le pays», Adnane Ben Youssef, secrétaire général exécutif de la fédération, qui a affirmé que «les démocrates peuvent gagner les prochaines élections de la circonscription France nord et qu'il ne tenait qu'à eux de s'unir autour des valeurs communes et d'une machine huilée», et Sami Dachraoui, d'Al-Massar (Voie démocratique et sociale), qui a insisté sur la nécessité de s'unir dans cette phase critique de l'histoire de la Tunisie.

Raviver la flamme et redonner espoir

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Meeting ponctué par des chants de l'une des figures de la chanson engagée tunisienne, l'artiste Mohamed Bhar.

«Nous unirons le camp des démocrates, car c'est avant tout le modèle de société que nous devons défendre», a enchainé Maya Jribi. Et d'insister, pour raviver la flamme et redonner espoir aux militants après la défaite cuisante des élections du 23 octobre 2011: «La Tunisie d'abord, est notre credo... Il faut doubler les efforts, la tâche est immense mais pas insurmontable».

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Une photo souvenir... pour la postérité.

La présence de Selim Ben Abdesselem, élu de l'Assemblée nationale constituante (Anc), issu d'Ettakatol (et en phase de rupture avec ce parti membre de la coalition au pouvoir), n'est pas passée inaperçue. Loin s'en faut. Certains y ont même vu un signe fort d'une reconfiguration du champ politique et notamment du camp démocrate, reconfiguration qui devrait ramener beaucoup de militants dans les rangs d'Al-Jomhouri.

La présence des principales figures du mouvement associatif tunisien en France notamment Abderrazak Bouazizi, président de l'Adtf, Mohieddine Cherbib du Crldht, et de Tarek Ben Hiba, président de la Ftcr, s'inscrit, sans doute aussi, dans cette même dynamique de refondation du paysage politique national.

Au second jour de son séjour parisien, Maya Jeribi a rencontré les représentants de plusieurs associations tunisiennes en France, qui ont évoqué plusieurs thèmes dont la création en France du collectif des Tunisiens pour la défense des libertés, dont Al Joumhouri France Nord est partie-prenante, ainsi que le rôle de l'Anc et des députés tunisiens de l'étranger dans la gestion de la question migratoire.

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Les militants en réunion interne: les problèmes organisationnels...

Un déjeuner de travail, organisé par la fédération France d'Al-Jomhouri a permis à la secrétaire générale de discuter avec les militants du parti en France de certaines questions organisationnelles, ainsi que des moyens de développer les activités du parti dans le pays d'accueil et d'aller à la rencontre des Tunisiens partout dans l'Hexagone.

Dans le rapport de mission qu'elle a fait à ses collègues à Tunis, Maya Jeribi a sans doute souligné la ferveur, l'enthousiasme et la volonté qu'elle a observés chez ses camarades. La domination du parti islamiste Ennahdha et la montée irrépressible de Nida Tounes n'ont pas érodé la popularité d'Al-Jomhouri, qui peut se relancer dans la course : la dépression post-électorale semble être déjà oubliée.