Qu'attend le Qatar du renforcement de sa coopération militaire avec la Tunisie? Les manœuvres communes ''Faucon Prédateur III'' préfigurent-elles des engagements régionaux plus importants?
Ces interrogations sont d'autant plus légitimes que le mémorandum d'entente relatif à la coopération militaire et le projet de protocole exécutif relatif au détachement de militaires tunisiens auprès des forces armées qataries, signés lundi, continuent de susciter l'incompréhension des Tunisiens.
L'armée tunisienne à la manœuvre
Les deux accords ont été signés à Doha, par le ministre de la Défense nationale Abdelkrim Zbidi, en visite officielle au Qatar du 18 au 21 novembre, pour participer à une conférence de hauts cadres militaires consacrée aux manœuvres communes ''Faucon Prédateur III'', et le général-major et chef d'état-major des forces armées du Qatar Hamad Ben Ali Al-Atia.
Des militaires tunisiens ont participé pour la première fois aux manœuvres ''Faucon Prédateur III'', organisées du 4 au 19 novembre par le Qatar et qui ont mobilisé quelque 1.400 militaires de différents grades.
Selon un communiqué officiel, le ministre de la Défense, qui était accompagné du chef d'état- major des armées Rachid Ammar, a rencontré, à cette occasion, l'émir héritier du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamed Al-Thani. La rencontre a permis de passer en revue «les perspectives de renforcement de la coopération militaire et d'échanger les vues sur des questions d'intérêt commun».
«Abdelkrim Zbidi et le général Rachid Ammar ont eu une série de rencontres avec plusieurs responsables des représentants de 38 pays arabes, islamiques et étrangers participant à cette conférence militaire», ajoute le communiqué.
Quel est l'intérêt de la partie qatarie?
Ces précisions sont loin de satisfaire la curiosité des Tunisiens et encore moins apaiser leurs inquiétudes. Certains commentateurs sont allés jusqu'à imaginer un scénario pour le moins surréaliste : une participation d'éléments de l'armée tunisienne dans la guerre qui sévit actuellement en Syrie et ce pour le compte du Qatar, l'un des sponsors et pourvoyeurs en armes de l'opposition au président Bachar El-Assad.
On peut comprendre que les manœuvres conjointes ''Faucon Prédateur III'' puissent être très bénéfiques pour les officiers tunisiens qui y ont pris part, sachant les moyens technologies et expertises militaires dont dispose l'armée qatarie, qui sont sans commune mesure avec ceux de l'armée tunisienne.
On peut aussi se demander sur l'étendue (et/ou les limites) de cette coopération militaire tuniso-qatarie et sur l'intérêt que la partie qatarie pourrait éventuellement en tirer.
Quand on sait, par ailleurs, le degré d'implication du Qatar dans les mutations géostratégiques actuelles, notamment en Afrique du Nord, on peut difficilement imaginer que l'intérêt de Doha se limiterait à une coopération militaire classique.
Imed Bahri