Ce n'est pas une boutade, mais la stricte vérité: la présidence de l'Assemblée nationale constituante (Anc), sans craindre le ridicule, a estimé que le bilan de sa première année est «globalement positif».
Ce n'est pas exactement l'impression qu'ont les Tunisiens de ce «machin» qui leur coûte la peau des fesses. Mais M. Ben Jaâfar, comme on le sait, est un grand optimiste devant l'Eternel. Il voit désormais tout en rose.
Bien sûr, le président de l'Anc, comme pour se dédouaner de tant de lenteur et d'indiscipline, cherche à se donner des circonstances atténuantes. Il évoque ainsi, à l'appui de son auto-évaluation, «la complexité de la situation», le «lourd legs de la dictature» (encore?) et les «efforts consentis pour consacrer les traditions de consensus et de dialogue» (quelqu'un a-t-il constaté ce consensus ou ce dialogue?).
Célébrant, aujourd'hui, le premier anniversaire du démarrage de ses travaux après les élections du 23 octobre 2011, le président de l'Anc a, toutefois, admis, dans une déclaration officielle, la nécessité de «moderniser ses méthodes de travail».
Dans la pure tradition de la langue de bois «7-novembriste», M. Ben Jaâfar parle de l'«amorce d'une nouvelle étape (qui) commande sans nul doute de veiller à instaurer des traditions positives et de moderniser les méthodes de travail».
A ceux qui, comme le chef du gouvernement Hamadi Jebali, ont critiqué ouvertement la lenteur des travaux de l'Anc et la gabegie régnant dans ses travées, M. Ben Jaâfar a affirmé que «seul le peuple est habilité à évaluer et à apprécier l'évolution des travaux de la constituante», laquelle a la charge d'«évaluer et de contrôler le rendement du gouvernement».
Oui, mais M. Ben Jaâfar ne nous dit pas comment le peuple peut évaluer une assemblée qu'il a élue et qui ne veut plus s'engager sur une date pour la fin de son mandat.
Z. A.