Rassemblement à Tunis contre la violence et pour la paix civile

Des centaines d'individus sont descendus dimanche dans le centre-ville de Tunis, pour dire «Stop à la Violence» et appeler à la dissolution des comités de la protection de la révolution.

Par Zohra Abid

A l'appel de l'Alliance civile contre les violences et pour les libertés (Accvl), qui vient d'être constituée (le 13 novembre), des centaines de Tunisiens, soutenus par plusieurs personnalités politiques et de la société civile, ont battu le pavé, dimanche, de 11 à 13 heures, à la Place 14 janvier de Tunis.

Ils ont dénoncé, dans le calme, les violences qui se multiplient, menaçant le pays – déjà aux prises avec des difficultés socio-économiques – et la liberté d'expression des individus.

Marche pacifique contre la violence.

Marche pacifique contre la violence.

Haro sur les comités de la protection de la révolution !

Les banderoles et slogans agités aujourd'hui se résument en un seul message: «Stop à la Violence». Violences contre les femmes, contre les enfants, contre les artistes, contre les journalistes, contre les universitaires et contre les opposants politiques qui ne se sentent plus en sécurité dans la Tunisie postrévolutionnaire. Mais de plus en plus menacés notamment par les groupes islamistes radicaux ainsi que par les soi-disant comités de la protection de la révolution proches d'Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir.

Pour la dissolution des milices des ligues de protection de la révolution.

Stop à la violence, dit la pancarte.

«L'Alliance civile appelle à l'union de toutes les sensibilités pour faire face aux partisans de la violence dont le nombre s'accroit à un rythme terrifiant», a lancé l'homme de théâtre Ezzeddine Gannoun, responsable de l'Alliance et directeur de la salle d'Al Hamra, du haut de la tribune installée au niveau du siège des Assurances Comar. Avant de remercier tous ceux qui ont répondu à l'appel, notamment ceux qui sont venus d'autres villes, notamment de Bizerte et de Sousse.

Selon l'homme de théâtre devenu citoyen d'une jeune démocratie en danger, la Ligue de la protection de la révolution s'est structurée et elle sévit souvent contre les manifestants côte-à-côte avec les forces de sécurité. Ce qui en fait un véritable danger pour la transition démocratique aujourd'hui fragilisée.

Stop à la violence, dit la pancarte.

Pour la dissolution des milices des ligues de protection de la révolution.

Hymne national au cœur du rassemblement

Parmi les manifestants, des avocats, des universitaires, des défenseurs des droits de l'homme, des constituants, des artistes, des hommes politiques... La Voie démocratique (Al Massar) a été le parti le plus actif dans la manifestation. Le réseau Doustourna était aussi au rendez-vous.

«Il faut que chaque personne parle autour d'elle, pour arrêter le fléau de la violence, sinon ce n'est plus possible», a dit à Kapitalis, l'universitaire Rabaâ Abdelkefi. Pas loin d'elle, Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des arts et des Lettres de la Manouba. Les gens n'ont cessé de lui exprimer leur soutien. M. Kazdaghli est accusé de violence par une étudiante niqabée. Son procès vient d'être reporté, pour la énième fois, pour le 3 janvier 2013.

Violence rime avec incompétence.

Violence rime avec incompétence.

Dans un petit carré de mouchoir, les manifestants ont fredonné l'hymne national à plusieurs reprises et appelé à la solidarité nationale face à la violence et au désordre.

13 heures, M. Gannoun termine son petit speech de paix. «Merci à tous et à toutes, c'est terminé. Prière de partir en silence», a lancé à la foule une quinquagénaire, membre de l'Alliance civile. Le rassemblement s'est dispersé en silence. Et dans le calme.

Ezzeddine Gannoun au centre entonne l'hymne national.

                                           Ezzeddine Gannoun au centre entonne l'hymne national.

L'Alliance a d'autres rendez-vous similaires dans les régions. Les partisans de la tolérance, du dialogue et des droits de l'Homme seront invités le moment voulu.