Tunisie. «Les habitants de Siliana ont été contraints à observer la grève générale», estime EnnahdhaOn connaît l'autisme criminel des dictatures. On en a un nouvel exemple dans le communiqué d'Ennahdha affirmant que «les habitants de Siliana ont été contraints, sous la menace, à observer une grève générale» (sic!).

Dans ce communiqué, publié mercredi, concernant les affrontements entre les habitants et les forces de l'ordre, dont la ville de Siliana a été le théâtre mardi et mercredi, le parti islamiste au pouvoir appelle «au calme, à déterminer la responsabilité de chacun et à donner à l'administration et aux autorités régionales et centrales la possibilité de stopper les affrontements et de réaliser les revendications légitimes du gouvernorat».

Ennahdha met en cause ensuite «des parties étrangères au gouvernorat qui ont dévié les revendications légitimes au développement et à l'emploi pour attaquer l'Etat et ses symboles, rejeter le dialogue avec les responsables régionaux et conduire les événements vers des affrontements sanglants avec les forces de l'ordre» (les fameuses «mains invisibles», dont parlait jadis les propagandistes de Ben Ali).

Le parti islamiste, qui ne nomme pas ces fameuses «parties» (sans doute des «azlems», des «ennemis de la révolution», des «blessés des élections», des «0,00», des «athées», des «francs-maçons», et tutti quanti), appelle cependant l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) à assumer ses responsabilités en incitant les manifestants au dialogue et en bannissant la violence, «surtout que certains de ses responsables centraux et régionaux suivent et dirigent les événements», accuse le parti majoritaire dans la coalition au pouvoir.

C'est donc, on l'a compris, l'Ugtt qui est responsable de la situation explosive qui dure depuis plusieurs semaines à Siliana, et non le gouverneur Nahdhaoui!

Ennahdha considère, également, que «les manifestations violentes ne sont pas à écarter des lois soumises à l'Assemblée nationale constituante (Anc) pour protéger la révolution» ou encore de «certains dossiers de corruption examinés par la justice». Traduire : tremblez les «azlems», vous allez voir ce que vous allez voir !

Ennahdha condamne, par ailleurs, fermement «la violence des protestations» et l'attaque contre les symboles de l'Etat et les établissements publics, soulignant en revanche qu'il «soutient les revendications sociales légitimes de la région» et «appelle à les réaliser rapidement».

Et les forces de l'ordre, qui ont fait près de 250 blessés, dont certains vont perdre définitivement la vie ? Ennahdha semble avoir résisté à la tentation de leur adresser des félicitations...

Qui parle de retour de la dictature ?

I. B.