Tunisie. Une nouvelle nuit sous haute tension à SilianaLa situation reste très tendue, jeudi soir, à Siliana. La ville est quadrillée par les forces de l'ordre, alors que des groupes de jeunes continuent de jeter des pierres contre leurs véhicules.

Les déclarations du chef du gouvernement Hamadi Jebali, jeudi après-midi, ne semblent pas avoir calmé les esprits surchauffés dans cette ville qui a enregistré, selon des sources médicales, plus de 200 blessés, dont une vingtaine atteints au visage, transportés d'urgence dans les hôpitaux de Tunis. Certains risquent de perdre la vue.

Marche symbolique, vendredi, vers Tunis

Les affrontements avaient déjà repris, au courant de l'après-midi, entre des centaines de manifestants et les forces de sécurité déployées aux alentours du district de la sécurité nationale, avec l'arrivée de nouveaux renforts dans la ville.

Bombes lacrymogènes contre jets de pierres ont marqué ces affrontements, alors que l'armée tente de séparer les deux parties et de calmer la situation.

Auparavant, des militants syndicaux et politiques ainsi que des représentants de la société civile avaient décidé, au cours d'un grand meeting, jeudi matin, devant le siège de l'Union régionale du travail (URT) de Siliana, d'organiser une marche symbolique, vendredi, en direction de Tunis, sur une distance de deux kilomètres. A travers cette initiative, les organisateurs veulent à transmettre un message sous-tendant qu'ils «laissent la ville de Siliana au gouverneur», en cas de non-satisfaction de leurs revendications.

Les demandes des protestataires sont, notamment, l'ouverture d'une enquête autour de ce qu'ils ont qualifié «de dépassements sécuritaires» dans les événements de la région de Siliana, durant les deux derniers jours, la libération des personnes arrêtées, depuis le 26 avril 2011, le départ du gouverneur, ainsi que le droit au développement.

Absence de développement et chômage croissant

Un accord a été établi, au cours du meeting, pour poursuivre la grève générale ouverte, jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications.

Le secrétaire général-adjoint de l'URT de Siliana, Ahmed Chafaï, a déclaré à l'agence Tap que la région connaît «une grande tension en raison de l'absence de développement et le chômage croissant». Il a fait remarquer que Siliana souffre «de la dégradation de l'infrastructure de base, de l'absence des investissements, surtout dans le secteur privé, ce qui a fait du secteur public le seul recours pour les chômeurs, surtout les diplômés du supérieur».

Le responsable syndical a ajouté que la tension vécue par la région «est le résultat de la négligence des revendications des habitants par les autorités régionales et qu'elle n'est pas simplement due à un simple différend entre deux fonctionnaires au siège du gouvernorat, comme ont tente de le faire croire». Il a rappelé que «les forces de sécurité continuent de tirer des balles à grenailles pour disperser les protestataires dans les délégations de Kesra et de Sidi Bourouis».

Des sources sécuritaires ont expliqué que l'usage des balles à grenailles est destiné à empêcher les manifestants de mettre le feu aux postes de police et d'incendier les véhicules de forces de la sécurité.

I. B. (avec Tap).