La ville de Siliana donne, vendredi matin, l'image d'une ville assiégée. La population s'est organisée en comités de défense et des jeunes coupent les routes pour empêcher les forces de l'ordre de pénétrer dans les quartiers.

Les déclarations du chef du gouvernement Hamadi Jebali et de certains dirigeants du parti islamiste Ennahdha, affirmant que les manifestations, depuis vendredi dernier, à Siliana, sont manipulées par des parties politiques, citant pêle-mêle, l'Ugtt, le Front populaire, Chokri Belaïd, leader du Parti des démocrates patriotes (Watad), Nida Tounes, le Parti républicain et les ex-Rcdistes, semblent avoir alimenté davantage la colère de la population.

L'affirmation du député Ennahdha de Kasserine Walid Bennani, hier soir à la télévision Attounissia, selon laquelle la population avait été payée pour manifester, a ajouté de l'huile sur le feu de la colère qui bout dans toute la région.

La population accuse le chef du gouvernement de mentir et de donner une version totalement fausse des événements en affirmant que la population a attaqué les forces de l'ordre les obligeant à riposter par des bombes lacrymogènes, des balles de caoutchouc et des chevrotines, faisant près de 250 blessés, dont 20 gravement.

Vendredi matin, un calme précaire règne dans toutes les villes du gouvernorat. Des escarmouches sont enregistrées entre les jeunes protégeant leurs quartiers et les rondes des forces de l'ordre. Les nerfs sont à fleur de peau. Et de nouveaux affrontements ne sont pas écartés. D'autant que la population craint des descentes brutales de la police dans les maisons pour procéder à des arrestations.

I. B.