La Haut-commissaire aux droits de l'homme Navi Pillay a tiré la sonnette d'alarme à propos de l'agitation violente actuelle dans la ville tunisienne de Siliana.
Tout en exhortant le gouvernement à veiller à ce que les forces de sécurité cessent de recourir à la force excessive contre les manifestants, la Haut-Commissaire souligne que les manifestants doivent, en tout temps, éviter de recourir à la violence.
Les protestations contre le chômage et les déséquilibres de développement ont commencé mardi et conduit à des affrontements violents entre les manifestants et les forces de sécurité. Plus de 220 personnes auraient été blessées, mardi et mercredi, y compris parmi les membres des forces de sécurité, et la violence sporadique a repris, ainsi que des perquisitions, maison par maison, et des arrestations auraient eu lieu à Siliana hier. Notre bureau en Tunisie envisage d'envoyer une équipe à la ville tard dans la journée.
Certains des manifestants ont subi des blessures graves causées par l'utilisation de grenailles, aurait ouvert le feu sans sommation.
Jeudi, notre personnel a rendu visite aux victimes qui avaient été hospitalisées dans les hôpitaux de la capitale Tunis, et ont recensé des cas de blessures par armes à feu à la tête, au dos et dans le visage, ainsi que des lésions oculaires pouvant, dans certains cas, conduire à la cécité. Certains manifestants souffrent aussi de fractures.
La Haut-commissaire condamne l'usage excessif et disproportionné de la force par des membres des forces de sécurité contre les manifestants dont la manifestation avait été annoncée à l'avance. Elle exhorte les autorités à cesser immédiatement l'utilisation de fusils de chasse contre des manifestants. Les droits à la liberté d'expression et d'opinion et de réunion pacifique sont des droits fondamentaux qui doivent être protégés et respectés.
Elle demande instamment aux autorités tunisiennes d'ouvrir une enquête approfondie sur ces événements et à prendre les mesures appropriées pour garantir la reddition de comptes et de veiller à ce que de tels abus ne se reproduisent pas à l'avenir.
Elle appelle également toutes les parties à s'engager dans un dialogue positif et constructif, et demande instamment au gouvernement de la Tunisie de prendre les mesures nécessaires pour assurer un développement équitable qui permettra à tous les Tunisiens de jouir de leurs droits économiques et sociaux.
L'économie dans la région de Siliana est en déclin depuis des années, et cela semble être à l'origine des troubles que nous avons vu au cours des derniers jours.
Source : communiqué.