Tunisie: Le président Marzouki fait sa girouette ! Fidèle à son habitude, Moncef Marzouki joue sur les deux tableaux à la fois : un pied dans le pouvoir (et ses fastes) et un autre dans l'opposition (sa place naturelle en somme).

 

Le président de la république provisoire essaie toujours de ménager la chèvre et le chou et de renvoyer dos-à-dos ses alliés du moment (les islamistes du parti Ennahdha) et sa famille naturelle (la gauche laïque).
Cet exercice d'équilibrisme énerve finalement tout le monde et montre un président indécis, calculateur, opportuniste : une parfaite girouette politique qui ne convainc plus personne.

Un mini-gouvernement de compétences

Revenons aux faits : prenant enfin la parole à la suite des événements douloureux de Silinana, Moncef Marzouki a appelé, vendredi soir, à la formation d'un mini-gouvernement de compétences, «qui ne soit pas fondé sur la politique de quotas partisans», et qui sera chargé des dossiers de développement.

C'est exactement la proposition faite depuis le 28 mai dernier par Maya Jeribi, secrétaire générale du Parti républicain et soutenue depuis par une grande partie de l'opposition. Ce rapprochement des thèses de l'opposition esquissé par le leader du Congrès pour la République (CpR), membre de la coalition gouvernementale conduite par Ennahdha, a de quoi braquer les dirigeants du gouvernement et du parti islamiste.

Le premier à réagir, Samir Dilou, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits de l'homme et de la Justice transitionnelle, a estimé, vendredi soir, que «les déclarations du président sont dangereuses et qu'elles seront analysées au cours d'un conseil du gouvernement et susciteront sans doute une réaction appropriée».

Nouveaux nuages en perspective dans les relations au sein de la «troïka» au pouvoir...

Haro sur «les forces illégitimes»

«Le pays se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins», a prévenu aussi le président Marzouki, dans son adresse au peuple tunisien, appelant toutes les parties à assumer leurs responsabilités face à ce contexte difficile.

Toutes les forces nationales, a-t-il insisté, doivent opter pour le dialogue et bannir la politique d'incitation aux troubles adoptée par «les forces illégitimes qui cherchent à instrumentaliser les revendications légitimes». Et toc! Coup de pied de l'âme en direction de l'opposition.

Le président de la république provisoire a dit soutenir, dans l'absolu, les revendications légitimes des populations des régions déshéritées «mais chacun doit prendre conscience que l'instabilité entraîne la fuite des investissements qui constituent la solution aux problèmes de chômage et de développement dont souffrent ces mêmes régions», a-t-il noté.

«Le problème majeur, a-t-il enchaîné, est que les attentes sont très grandes face à un rendement insuffisant du gouvernement en dépit des efforts fournis».

Le problème du chômage ne peut être résolu uniquement par le gouvernement, a-t-il soutenu, concédant, toutefois, que les efforts déployés n'ont pas été, jusqu'à présent, à la hauteur des revendications légitimes réclamant de juger les corrompus et de promouvoir le développement dans les régions.

«La situation pourrait empirer jusqu'à devenir chaotique», a averti M. Marzouki, estimant que la voie du salut réside en l'aptitude de tous: présidence, gouvernement, partis, syndicats, société civile et citoyens à assumer leurs responsabilités.

L'organisation des élections avant l'été est désormais «vitale», a-t-il soutenu, pour passer à la phase de l'édification d'institutions stables et avancer vers une véritable démocratie digne des sacrifices des martyrs et blessés de la révolution.

Finalement, Mister Moncef fait un diagnostic, mais Docteur Marzouki est incapable de proposer le moindre remède. La mission d'un président, d'un vrai, dépasse ces postures pathétiquement électoralistes. Pauvre Tunisie!

I. B. (avec Tap).