Le chef d'Ennahdha semble très sûr de l'innocence des comités de la protection de la révolution, proches de son parti, dans l'attaque mardi du siège de la centrale syndicale, à la Place Mohamed Ali à Tunis.
Rached Ghannouchi va même jusqu'à demander l'ouverture d'une enquête ainsi que la fouille des locaux notamment de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) «où il y a armes blanches, bâtons, et Molotov».
C'est ce qu'a déclaré le chef du Mouvement Ennahdha, lors d'une conférence de presse, mercredi, au siège de son parti à Montplaisir.
Sans trop prendre de distance vis-à-vis des comités de la protection de la révolution, de triste réputation, Rached Gahnnouchi a ajouté que ces personnes sont «les consciences de la révolution» et qu'il ne servira à rien d'appeler à leur dissolution, comme le revendique l'opposition.
«Le parti Ennahdha dénonce tout naturellement la violence. Ces comités ne nous sont pas proches car ils nous ont à plusieurs reprises critiqués et s'il s'avère qu'ils ont commis quelque chose, ils ne sont pas au dessus de la loi et il faut les traduire en justice mais les photos montrent bien des personnes en uniforme avec des bâtons dans la main...», a-t-il lancé sur une note d'ironie.
En fait, il s'agit des membres du service d'ordre de l'Ugtt, qui devait encadrer la marche pacifique, et qui ont dû défendre leur organisation face aux assaillants munis de bâtons, les fameuses milices d'Ennahdha, venus respirer un peu d'air du côté du siège de l'Ugtt. Très fort, le Ghannouchi dans l'art de travestir complètement la réalité et de transformer les bourreaux en victimes !
Selon le chef d'Ennahdha, les personnes se trouvant devant le siège de l'Ugtt sont allées «pour faire la fête à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de l'assassinat du leader Farhat Hached par la Main Rouge, et elles ont été attaquées, ainsi leur fête a mal tourné».
On croit rêver : M. Ghannouchi nous refait le match à l'envers. Le ridicule et le mensonge sont devenus, on le sait, les seules compétences dont les Nahdhaouis peuvent aujourd'hui se prévaloir.
Mardi, des centaines de personnes armées de bâtons ont attaqué le siège de l'Ugtt faisant une dizaine de blessés, dont des membres du bureau exécutif. La police n'est intervenue que plus tard et a, au final, réussi à sécuriser la place. Plusieurs femmes et hommes parmi les assaillants accusaient l'Ugtt d'appartenir à l'ancien régime et appelé à l'assainissement de l'organisation des Rcdistes.
Une heure après, à la Kasbah, lors de la marche vers le mausolée de Farhat Hached, plusieurs figures emblématiques de la scène politique et syndicale ont été la cible des violences perpétrées par ces mêmes comités, dont Saïd Aïdi, membre du bureau exécutif du Parti républicain.
Mercredi, des membres de ces mêmes ont manifesté devant l'Assemblée nationale constituante (Anc) pour crier leur innocence. Ils ont profité de l'occasion – chassez le naturel il revient au galop – pour appeler à la mort de Issam Chebbi, Mahmoud Baroudi, Iyad Dahmani et autres députés de l'opposition.
Z. A.