A quoi servirait l'accord pour «la sensibilisation des prisonniers à la religion», signé jeudi par les ministres de la Justice et des Affaires religieuses? A remettre les détenus sur la bonne voie ou à assurer de nouveaux «clients» pour Ennahdha?
Selon Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, cet accord «sert à sensibiliser les prisonniers à la religion». «La sensibilisation des détenus commencera par leur apprendre le saint Coran et ses bienfaits sur leur état d'esprit», renchérit son collègue des Affaires religieuses, le wahhabite Noureddine Khadmi.
Il n'est pourtant un mystère pour personne que le contrat conclu aujourd'hui ne servira qu'un seul parti politique : le parti islamiste Ennahdha, au pouvoir
Depuis la grève de la faim des salafistes détenus dans les évènements d'El-Abdellia, en juin dernier, et dans l'attaque le 14 septembre de l'ambassade et de l'école américaines (qui s'est soldée par deux décès : Béchir El Golli, le 15 novembre, et Mohamed Bakhti, deux jours après), les prisons sont devenues ouvertes pour les prêches notamment salafistes.
Vendredi 22 novembre, le prédicateur wahhabite Béchir Ben Hassen s'est rendu à la prison Mornaguia (à l'ouest de Tunis). Il était parmi les premiers à faire ses prêches dans les milieux carcéraux.
En cherchant à systématiser cette pratique et lui assurer la régularité requise, MM. Bhiri et Khademi ne doivent pas seulement penser au «redressement» des délinquants. Ils espèrent sans doute aussi recruter de futurs partisans parmi les détenus. La manœuvre est cousue de fil blanc et elle s'insère dans le plan d'islamisation rampante de la société tunisienne.
Le Tunistan vous salue bien !
Z. A.