L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) refuse de manière catégorique toute négociation avec ceux qui l'ont agressée et n'acceptera le dialogue «qu'avec les trois présidences».
C'est ce qu'a déclaré, samedi, à Hammamet un haut responsable de la principale organisation syndicale dans le pays.
«L'Ugtt n'est pas prête à entamer un dialogue ni avec ceux qui l'ont agressée jusqu'à dans ses propres locaux ni ceux qui prennent la défense de ces agresseurs», a dit le secrétaire général adjoint de l'Ugtt, chargé de la fonction publique, H'faiedh H'faiedh à l'ouverture du congrès constitutif du syndicat général des fonctionnaires et des agents du ministère de l'Intérieur non sécuritaire.
Le dirigeant syndicaliste, qui avait été blessé lui-même dans l'attaque du siège de l'Ugtt, mardi dernier, par des membres des Ligues de protection de la révolution, proches d'Ennahdha, fait ici allusion aux dirigeants du parti islamiste, y compris son président Rached Ghannouchi, qui ont continué à s'en prendre à l'Ugtt et à justifier l'attaque desdites Ligues.
«Nous n'accepterons le dialogue qu'avec ceux qui détiennent une légitimité, en l'occurrence le chef du gouvernement, le président de la république et le président de l'Assemblée Constituante», a encore dit M. H'faiedh, laissant ainsi la porte ouverte à une éventuelle négociation pour l'annulation de la grève générale décidée pour le 13 décembre.
Plusieurs médias tunisiens avaient fait état, vendredi, d'une éventuelle rencontre organisée par l'ancien ministre et syndicaliste Ahmed Ben Salah avec le secrétaire général de l'Ugtt Abassi et le président d'Ennahdha Rached Ghannouchi pour négocier une sortie à la crise. Il n'en fut rien... M. Ben Salah a annoncé à l'agence Tap, suite à sa rencontre vendredi avec Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, «le report de cette initiative de réconciliation entre l'Ugtt jusqu'à apaisement des tensions».
«Il ne s'agit nullement d'un conflit de personnes mais plutôt celui de choix», a soutenu M. H'faiedh, affirmant que l'Ugtt poursuivra sa contribution à la réalisation des objectifs de la révolution et «n'acceptera pas qu'on délimite son champ d'action ou ses initiatives», a clamé le responsable syndical.
«L'Ugtt demeure une force d'équilibre, de proposition et de rectification et ne se prêtera à aucune tentative qui cherche à l'instrumentaliser ou à marginaliser sa participation à la chose publique», a-t-il encore soutenu, dans son intervention à l'ouverture du congrès auquel participent plus de 80 congressistes réunis pour l'élection d'un nouveau syndicat général des agents non sécuritaires du ministère de l'Intérieur, des gouvernorats et des délégations, relevant de l'Ugtt.
Samedi, des centaines de manifestants appartenant aux ligues de triste réputation ont manifesté au centre-ville de Tunis, en scandant des slogans hostiles à l'Ugtt et à Houcine Abassi, accusés d'être d'anciens collaborateurs de Ben Ali. Des manifestations similaires ont eu lieu à Sfax et à Gafsa.La mobilisation anti-Ugtt est organisée en sous-main par Ennahdha. Et cela ne traduit pas une volonté d'apaisement. Au contraire...
Autant dire qu'Ennahdha cherche l'escalade et n'est pas prêt à lâcher sa pression sur la centrale syndicale.
I. B.