Tunisie : Moncef Marzouki et la «désillusion» du 17 décembre 2012La date du 17 décembre 2012 restera marquée au fer rouge dans la mémoire de Moncef Marzouki, un grand militant des droits de l'homme qui s'est vu huer, ce jour-là, par une foule en colère... comme un vulgaire dictateur.

Il faut dire que la visite effectuée, hier, par président de la république provisoire dans le gouvernorat de Sidi Bouzid a commencé très difficilement, dès le matin, lors de sa rencontre avec les habitants de Garaa Bennour.

Ces derniers sont allés à la rencontre du Moncef Marzouki, qui s'est rendu au cimetière de Garaa Bennour où est inhumé Mohamed Bouazizi, le marchand de légumes dont l'auto-immolation par le feu, le 17 décembre 2010, a déclenché le mouvement allant aboutir à la chute de l'ancien régime.

Le président Marzouki a juste le temps de déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du martyr et de réciter la fatiha sur son âme, lorsque les habitants de la localité sont venus protester contre l'absence d'infrastructures et de projets de développement dans la région et réclamer la construction d'une école, d'une route reliant la région au gouvernorat ainsi qu'un hôpital local.

M. Marzouki a expliqué aux protestataires que «le processus de développement ne peut se réaliser en quelques mois», évoquant «les conditions difficiles que traverse la Tunisie en cette étape de transition».

Tout en reconnaissant «la légitimité des revendications» des habitants de Garaa Bennour, il a fait part d'une forte volonté politique pour dépasser 50 années de marginalisation. Il a aussi demandé au gouverneur de Sidi Bouzid d'accélérer l'exécution des projets prévus dans la région.

La discussion était très difficile et les nerfs à fleur de peau. Ce qui présageait déjà de l'ambiance électrique que Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante (Anc) et le ministre de l'Agriculture Mohamed Ben Salem, représentant le Premier ministre Hamadi Jebali, «sauvé par une grippe très opportune», allaient retrouver à Sidi Bouzid. Et qui allait se terminer par des «dégage» bien sonores, des jets de pierres sur la tribune et une «fuite» des représentant de la «troïka» au pouvoir.

I. B.